Gérald Darmanin « fait à Mayotte ce qu’il voudrait faire en métropole avec ses mesures sur l’immigration »... Par ces mots, la vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme Marie-Christine Vergiat résume bien tout ce que contient la politique de Darmanin et son projet de loi : la chasse aux migrantEs par les méthodes les plus autoritaires.
Après qu’elle a été différée mais désormais autorisée par la justice, la mise en œuvre de l’opération policière de Darmanin à Mayotte se poursuit. Elle vise à démanteler, « décaser », des quartiers entiers, ce qui signifie expulser 24 000 habitantEs de l’île en deux mois, 400 personnes par jour ! Faisant une fois de plus l’amalgame entre insécurité, délinquance et immigration, il veut faire des plus de 40 % de la population venue des autres îles de l’archipel des Comores les responsables de tous les maux, cherchant à attiser toutes les divisions au sein de la population.
À Mayotte, l’État français colonial et raciste
Il ne fait pourtant nul doute que c’est bien l’ensemble des habitantEs de Mayotte qui sont discriminés, le droit du sol n’y étant même pas appliqué. De plus, ils sont les premiers à souffrir du sous-développement de l’île et de la précarité qu’il entraîne : 80 à 85 % des MahoraisEs vivent en dessous du seuil de pauvreté. Mais l’État prétend par exemple lutter contre la grande insalubrité des logements à coups de bulldozer…
En réalité, le ministre de l’Intérieur veut faire faire de l’opération Wuambushu menée à Mayotte les prémisses racistes de la loi immigration qu’il va chercher à faire adopter au Parlement après l’été.
Mettre le projet de loi à la poubelle
Après avoir été différé en plein mouvement contre la réforme des retraites par crainte d’une contagion de la contestation, le projet de loi « Asile-immigration » revient aujourd’hui dans le débat. Sans surprise, son contenu est dans la logique utilitariste et répressive des lois antérieures, en les durcissant toujours plus. Darmanin a dit vouloir « rendre la vie impossible aux migrantEs ». Pour cela, le projet remet en cause le droit d’asile. Au prétexte d’accélérer la procédure, les droits des réfugiéEs pour leur défense seront en fait restreints. De plus, de nouvelles mesures répressives sont proposées pour criminaliser les migrantEs, l’objectif est de multiplier les OQTF (obligation de quitter le territoire) et d’augmenter les expulsions.
Mais comme le patronat a toujours besoin d’une main-d’œuvre jetable et corvéable à merci, Darmanin propose de faire un « tri » odieux entre les migrantEs. Ainsi, un titre de séjour temporaire d’un an serait créé, uniquement pour les travailleurEs employés dans les « métiers en tension », dont la liste varie selon les besoins, les époques et les lieux géographiques, mais qui se caractérisent tous par des salaires faibles et des conditions de travail pénibles !
Nous ne les laisserons pas faire !
Il y a quelques jours, des représentants de Les Républicains dévoilaient dans le Journal du Dimanche deux propositions de loi : possibilité de référendum sur la politique migratoire, rétablissement du délit de séjour clandestin, et inscription de la notion d’assimilation dans la Constitution… Retailleau, le chef des sénateurs LR, l’affirme : « Les Français nous le disent dans tous les sondages : il y a trop d’immigrés. Il faut reprendre le contrôle »… « Un projet de rupture, à la fois audacieux et sérieux », selon son comparse Ciotti. Accusé par le RN de faire du « copier-coller » du programme présidentiel de Marine Le Pen, LR va donc participer à la concertation proposée par le pouvoir autour du projet de loi Darmanin pour se livrer à la surenchère la plus nauséabonde.
Mais en braconnant sur les terres de l’extrême droite, Macron, Darmanin et l’ensemble de la droite ne font que renforcer la propagande anti-migrantEs qui reste le fonds de commerce des fachos de tous poils. Un jeu très dangereux car il n’y a pas de meilleure façon de dérouler le tapis rouge à l’extrême droite.
Sans attendre les prochaines manifestations spécifiquement contre le projet porté par Darmanin, il y a donc urgence à s’emparer des prochaines journées de mobilisation, à commencer par celle du mardi 6 juin contre la réforme des retraites. Car les luttes ne se divisent pas, et nous avons besoin de l’unité la plus grande et de conjuguer les mobilisations autour des questions sociales et démocratiques : pour un accueil digne des migrantEs, pour la liberté de circulation et d’installation.