Publié le Mardi 24 novembre 2015 à 11h35.

AP-HP : Le plan blanc levé, la lutte peut reprendre

Ce vendredi 13 novembre, le plan blanc a été déclenché à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris depuis 22 h 30. Mais les hospitaliers n’avaient pas attendu cette décision pour revenir spontanément sur leurs lieux de travail accueillir et prendre en charge les victimes et leurs proches.

Toutes et tous ont été à la hauteur de leur engagement professionnel au service de la population, cela malgré le manque d’expérience de chirurgie de guerre et parfois de matériel… Au total, 476 personnes ont été soignées au sein des établissements du CHU francilien, et des centaines de personnes traumatisées par cette tragédie ont été prises en charge psychologiquement. Des vies ont été sauvées par cette mobilisation exemplaire.

Les belles déclarations du directeur général de l’institution publique, dont les hospitaliers rejettent toujours le protocole signé par la CFDT, et les envolées lyriques de la ministre de la Santé qui, en son nom et pour le gouvernement, salue « l’héroïsme » et le « magnifique engagement » des personnels, ne nous feront pas oublier leurs rôles dans la mise à mal de l’hôpital public. Ainsi Touraine qui soumet au vote du Parlement une loi qui programme la suppression de 22 000 postes dans la Fonction publique hospitalière...

Reprendre l’initiative, vite !

Et que penser de ce Président de la République qui, après avoir salué « la mobilisation exceptionnelle » et rendu hommage aux acteurs du secours et de la santé, annonce l’embauche de plusieurs milliers de policiers, de gendarmes et de douaniers… mais rien pour les hôpitaux ? Les sénateurs, quant à eux, sont sur le point de valider l’instauration de trois jours de carence de l’indemnisation des arrêts maladie dans la FPH, dans le cadre du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui s’attaque sévèrement aux moyens alloués au service public de santé.

Décréter l’état d’urgence ne fera pas renoncer les hospitaliers en lutte, mais en ce sens, le positionnement de l’intersyndicale est encore une fois loin d’être clair. Une partie a maintenu, du bout des lèvres, le préavis de grève déposé pour le 17 novembre, l’autre l’a levé. Seul SUD s’est clairement démarqué de toute solidarité avec « les États, y compris le nôtre, qui ont une large part de responsabilité dans de multiples guerres », mais nul ne s’oppose à l’instauration de l’état d’urgence et de ses conséquences en termes de libertés fondamentales et de libertés syndicales. Les manifestations sont interdites, mais le gouvernement ne renonce à aucune mesure d’austérité : il est certain qu’il va profiter de cette situation pour aller plus loin dans sa politique antisociale.

Au-delà de l’émotion, la souffrance au travail reste intacte et les revendications des agents de l’AP-HP sont plus que jamais d’actualité, pour des hôpitaux à la hauteur des besoins de la population. En deuil, baisser la tête mais pas les bras, et reprendre l’initiative contre le protocole Hirsch-CFDT. Vite !

CorrespondantEs