Publié le Jeudi 12 juin 2025 à 18h30.

La loi Duplomb, c’est aussi tuer plus, toujours plus

La proposition de loi agricole dite « Duplomb » qui vise à « lever les contraintes sur les agriculteurs » est en réalité un beau cadeau offert aux lobbys de l’industrie agro-alimentaire. 

Une mesure choquante parmi d’autres : la hausse des seuils des élevages ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement), soumis à autorisation. On passe de seuils de 40 000 poules, 2 000 porcs ou 750 truies (directive 2010/75/ UE) déjà monstrueux, à 80 000 poules, 3 000 porcs ou 900 truies (directive 2011/92/UE). 

Par exemple, les élevages de poules jusqu’à 80 000 individus pourront donc être autorisés sur simple enregistrement et ne seront plus soumis à autorisation, ce qui diminue les contraintes réglementaires et facilite l’installation de nouvelles fermes-usines. L’exploitation des animaux non-humains est donc une nouvelle fois facilitée par une loi spéciste, appuyée par l’ensemble des lobbys et des syndicats d’éleveurs industriels, la FNSEA en première ligne. Les débats se cristallisent autour des normes environnementales, en oubliant une réalité invisibilisée : ce sont des dizaines de milliers, puis des millions d’individus sentients qui seront élevés, mutilés et tués dans des conditions industrielles terribles.

Les individus oubliés des débats

Beaucoup des discussions autour du texte évoquent la facilitation de l’utilisation des pesticides, souvent avec un angle sur les effets sur la santé humaine (à juste titre, par ailleurs). Pourtant, si les pesticides sont nocifs pour les humains, c’est parce qu’ils sont mortels pour les animaux non-humains : ces produits « phytosanitaires » tuent de nombreux insectes identifiés comme « parasites » qui « attaquent » les récoltes des agriculteurs. 

Les néonicotinoïdes sont devenus un exemple frappant de cette utilisation inquiétante de produits mortels, mais ils sont aussi plus critiqués que d’autres insecticides car ils ont le malheur de s’en prendre à l’un des rares insectes charismatiques que sont les abeilles. 

Rappelons que les pesticides ne sont pas sélectifs : ils tuent tous les individus appartenant aux espèces pour qui la molécule est mortelle, ce qui regroupe toujours un large nombre d’entre elles. Les alternatives en agroécologie existent pourtant, et ont déjà fait leurs preuves, prouvant qu’il est possible de se passer de pesticides et de produire en respectant l’équilibre des sols, de l’air et de l’eau. Une société qui préfère tuer chimiquement sans distinction plutôt que de mettre en place des méthodes alternatives se trompe profondément de solution : les insecticides, quels qu’ils soient, devront à terme être interdits.

La racine du problème

Pesticides, élevages, mégabassines... De nombreuses normes (en partie) protectrices vont être supprimées par pur intérêt financier et capitaliste dans l’intérêt des plus grosses exploitations du pays. Pourtant, il est important de rappeler que beaucoup, voire la plupart, de ces problématiques sont directement imputables à l’exploitation massive et industrielle des animaux. 

Certains pesticides sont utilisés sur les récoltes qui servent à l’alimentation animale : près de 90 millions d’animaux (dont 57 millions de poules) sont élevés en France en continu, impliquant 12,6 millions d’hectares dédiés à leur alimentation (Insee), soit 47 % des surfaces agricoles françaises. L’exemple des mégabassines est lui-même frappant, puisque les exploitants de maïs dédié à l’alimentation animale sont les premiers demandeurs de ces stockages d’eau ­complètement insensés. 

Remettons le cœur du problème au centre des discussions : l’exploitation animale est nocive de façon directe pour les animaux non-humains, et de manière indirecte pour les humains par la mainmise des capitalistes qui chercheront toujours plus de profits au détriment de notre santé et de l’environnement.

Commission Cause animale