Mardi 28 septembre avait lieu une journée nationale de grève des psychologues. Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes à l’appel de quatre organisations (SNP, CGT-UFMICT, SIUEERPP et FFPP). Cette mobilisation se déroulait à l’occasion du dernier jour des assises de la santé mentale et de la psychiatrie (lire ci-dessus).
Ces assises avaient lieu dans le contexte de la crise sanitaire où l’accès aux soins psychiatriques s’est encore dégradé. L’accueil et le suivi des patientEs ayant besoin de soins a été plus difficile et les temps d’attente se sont allongés, alors même que le nombre de malades augmentait. La pandémie, le confinement et ses conséquences financières sur les travailleurEs, ont eu de gros impacts sur la santé psychique de nombreuses personnes. Ainsi, nous avons été plus nombreux à montrer des signes dépressifs, d’état anxieux ou des pensées suicidaires.
Les fausses « solutions » du gouvernement
Mais le fond du problème est le manque de moyens chronique de la psychiatrie, empêchant des prises en charge correctes des patientEs. Dans les CMP les délais d’attente avant le premier rendez-vous peuvent parfois atteindre plusieurs mois. Dans les hôpitaux et autres structures, le nombre de soignantEs (psychologues, psychiatres, infirmierEs) et le manque de moyens ne permettent plus de proposer des activités adaptées. Il en résulte, depuis plusieurs années, l’augmentation des contentions en psychiatrie.
Face à cela le gouvernement a proposé une « solution » : 10 rendez-vous remboursés chez unE psychologue en libéral. Mais pour y accéder il faut remplir des conditions en termes de symptômes (dépressifs exclusivement) mais aussi que ces rendez-vous soient prescrits par un médecin, puis entérinés par un psychiatre qui fera une évaluation de vos « besoins ». Et si vous arriviez à avoir cette fameuse prescription pour 10 séances sachez que celles-ci dureront uniquement 30 minutes là où la plupart des professionnels recommandent de faire bien plus. Enfin, ces 10 séances seront renouvelables une seule fois, impossible donc de faire un suivi au long cours. En résultent des soins à deux vitesses : les patientEs aisés pourront continuer à se payer un suivi long et selon des modalités plus souples et éthiques, les patientEs précaires devront passer par ce dispositif de remboursement contraignant et maltraitant.
Cela reflète la volonté du gouvernement de cacher le manque de moyens des CMP et des hôpitaux en renvoyant vers le privé une partie de l’afflux de malades. Cela se fait sur le dos des patientEs eux-mêmes qui n’ont toujours aucune garantie de suivi, mais aussi sur le dos des psychologues, les seulEs à ne pas être consultés sur cette question.
Psychologues mépriséEs
En effet, il n’y a pas de psychologue au comité d’organisation des assises de la santé mentale et de la psychiatrie. Et ils et elles n’ont pas été consultés non plus sur la question du remboursement. Qui a donc décidé de leur tarif et du niveau de remboursement ? De la durée de leurs séances ? Des conditions pour y accéder ? Pas les psychologues et encore moins les patientEs ! Est-ce à dire que les psychologues sont contre le remboursement ? Bien au contraire, les organisations syndicales avancent en faveur du remboursement de toutes les séances quels que soient leur motifs, la durée ou le nombre, et ce sans prescription médicale. Mais les psychologues réclament aussi des embauches : il faut augmenter le nombre de postes dans tous les secteurs ! En hôpital, en EHPAD, en CMP, dans les écoles, etc. Les jeunes diplôméEs peinent souvent à trouver un emploi stable et à temps plein par manque de postes, ils et elles cumulent donc les emplois à temps partiels et précaires, alors que les besoins sont considérables. Dans le public, ils et elles rejoignent par ailleurs les rangs des professions les moins bien payées, nombreux sont donc celles et ceux qui se trouvent en difficultés après leurs études.
Emmanuel Macron a annoncé la création de 800 postes (de quoi ?) dans les CMP sur près de 2 000 établissements existant en France. Mais c’est un investissement massif qu’il faut et rapidement, dans toutes les structures de soin. Si les psychologues travaillent partout, partout ils ne sont pas assez nombreux ! Pour cela il n’y a qu’une solution : se mobiliser pour notre santé à tous et toutes !