Examiné lors du conseil des ministres, le 29 juillet, le projet de loi pour faire de la poste une société anonyme devrait être présenté au Parlement à partir du mois d’octobre.
Deux temps forts sont déjà prévus : une première journée de grève mardi 22 septembre et une consultation nationale de la population, organisée dans un grand nombre de villes, le samedi 3 octobre.
L’argument du gouvernement est particulièrement hypocrite. Il prétend que le changement de statut de l’entreprise est motivé par la nécessité de recapitaliser La Poste pour faire face à l’ouverture totale du courrier à la concurrence en 2011. En même temps, il assure qu’il ne s’agira pas d’une privatisation puisque les capitaux resteront 100 % public via la prise de participation de la Caisse des dépôts et consignation.
En réalité, les grandes manœuvres ont déjà commencé pour que l’ouverture au capital privé se fasse très rapidement après le changement de statut. Cette privatisation est d’autant plus choquante que les besoins de financement sont de l’ordre de 3 milliards d’euros. Un montant pour le moins dérisoire comparé aux dizaines de milliards d’euros que l’Etat a versés aux banques privées pour soutenir leur activité au cours de ces derniers mois…
Elle intervient à un moment où l’entreprise a déjà beaucoup changé. Les réorganisations sont incessantes depuis des années dans tous les secteurs pour augmenter la productivité et diminuer fortement les effectifs. Les bureaux de poste ferment par milliers, remplacés par des agences postales où l’offre est considérablement réduite. Près de la moitié des salariés sont désormais sous statut privé. C’est aussi le cas de la totalité des filiales du groupe La Poste.
Mais cette nouvelle étape aura des conséquences très importantes pour les usagers comme pour les personnels. D’ores et déjà le non-remplacement de4 salariés sur 5 partant à la retraite a été annoncé afin d’assurer un maximum de rentabilité.
La riposte s’annonce difficile. Des grèves souvent très dures ont eu lieu ces derniers mois pour les salaires et contre l’aggravation des conditions de travail, mais sans lien et sans plan d’ensemble. La journée du 22 septembre à l’appel de toutes les organisations syndicales est un moment très important qu’il faut absolument réussir. Encore faut-il savoir quelles en seront les suites, afin que cette journée ne soit pas que symbolique et sans lendemain. C’est aussi une des conditions pour que la mobilisation soit réussie…
Dans ce contexte, la consultation nationale organisée par le Comité national contre la privatisation, pour un débat public et un référendum sur le service public postal peut être un point d’appui précieux. C’est une campagne unitaire sans précédent depuis longtemps, avec en particulier l’appui de beaucoup d’associations de maires, qu’il reste il est vrai à concrétiser dans de nombreuses villes…
L’enjeu est d’importance. Gagner la bataille de l’opinion publique et infliger sans attendre un désaveu à la politique de Sarkozy est possible, tant ce projet paraît peu légitime, accompagné de régressions qu’il est facile d’identifier et de dénoncer. Ce sera une première étape pour encourager les luttes, construire des convergences avec les salariés et les usagers des autres services publics, et commencer à changer le rapport de forces.
Jean-François Cabral