Les hésitations actuelles de François Hollande et du gouvernement au sujet du droit de vote et d’éligibilité des « résidentEs non-communautaires aux élections locales » à partir de 2014 soulignent surtout leur manque de volonté de porter la question plus globale de l'égalité des droits sur la scène politique.Depuis plus de trente ans, les gouvernements successifs du PS comme de droite n'ont fait que durcir les lois concernant l'immigration, la liberté de circulation et d'installation pour les personnes immigrées issues des classes populaires. De manière symétrique, la liberté de circulation des capitaux et des capitalistes n'a jamais été aussi facilitée. Porter la question de l'égalité des droits impliquerait de mettre à plat la politique sécuritaire de l’État. Cette fonction sécuritaire demeure une des dernières fonctions qui soit assumable par l’État, parmi celles dites « régaliennes ». Parmi ses autres fonctions, l’État ne peut plus faire illusion, notamment sur le plan économique : les politiques d'austérité concédées au patronat et à la finance finissent de démontrer son assujettissement au pouvoir des capitalistes.Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que l’éternelle promesse concernant le « droit de vote des étrangers » demeure à l'état de promesse. Il est bien utile à la classe dirigeante de ne pas toucher à ce qui caractérise un racisme d’État.
Participer aux décisionsIl y a cependant un niveau de discussion auquel la classe dirigeante consent : la subtile différence de traitement entre étrangers communautaires et non communautaires. Rappelons que les immigrés non communautaires représentent une partie de la population la plus exploitée. Ils n'ont même pas accès à ce qu'il reste du droit du travail en France et en Europe. Mais cette différenciation est un miroir aux alouettes, un gage de bonne conscience, car même les étrangers communautaires ne disposent pas de droits essentiels ! C'est pourquoi nous exigeons l’arrêt des expulsions de ressortissants roms (pourtant européens) et des sans-papiers qui n'ont fait que s'accélérer depuis un an. Régularisation de touTEs les sans-papiers !Le NPA est signataire de la plateforme « Droit de vote 2014 » (soutenue par 161 organisations), parce qu’il nous paraît essentiel de construire une mobilisation large sur la question de l'égalité des droits (cf. Tout est à nous ! n°193). À Lille, un collectif Droit de vote existe depuis quelques semaines et le NPA y est engagé depuis le début. Cette plateforme représente selon nous un accord politique minimal entre nos nombreuses organisations. Nous pensons qu'il faudra que nous dépassions la question du droit de vote aux élections locales, pour ne pas nous laisser enfermer dans une illusion démocratique et institutionnelle.Nous revendiquons pour touTEs le droit de participer collectivement aux décisions au sens large. Le droit de vote n'en représente qu'une composante. La vraie démocratie résulte d'un processus d'émancipation où chacun et chacune s'invite sur la scène politique et sociale afin de définir nos besoins (production, santé, éducation, logement, énergie, transport, etc.) et la façon de les satisfaire. Nous n'avons pas besoin de classe dirigeante et de professionnelLEs de la politique pour cela.
Comité NPA Lille