Les mensonges maintes fois utilisés contre les prétendus privilèges des fonctionnaires pourraient bien se retourner contre le gouvernement, empêtré dans les affaires. Vendredi 25 juin, les organisations syndicales de fonctionnaires ont claqué la porte des négociations salariales avec le gouvernement. C’était bien le minimum à faire alors que le ministre du Travail Éric Woerth et le secrétaire d’État à la Fonction publique Georges Tron avaient laissé entendre que les salaires des fonctionnaires seraient gelés pendant trois ans au point que même le dérisoire 0,5 % d’augmentation promis l’an dernier pourrait être annulé le 1er juillet. Depuis, Fillon et le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Éducation Luc Chatel sont intervenus l’un et l’autre pour démentir la suppression de cette augmentation... pour peu que les organisations syndicales reviennent aux négociations. Cette augmentation de 0,5 % que le gouvernement voudrait maintenant faire passer pour un effet de sa générosité est loin de compenser la perte de pouvoir d’achat qu’ont subie les salariés du public dont les traitements sont quasiment gelés depuis des années. Pire, avec l’augmentation de leurs cotisations de retraite de près de 3 % sur dix ans, prévue dans le projet de réforme, les fonctionnaires vont connaître une baisse importante de leur salaire. Le gouvernement devrait également confirmer, lors du débat à l’Assemblée sur le budget, le 6 juillet, sa volonté de supprimer 100 000 postes dans la fonction publique entre 2011 et 2013, après les 100 000 déjà supprimés depuis 2007. Cette décision dont on voit déjà les conséquences dans les hôpitaux, l’éducation et d’autres services publics aggrave la régression sociale, et cela pour l’ensemble de la population. Et il est certain que ces mauvais coups en préparent d’autres, le blocage des salaires pendant trois ans étant déjà annoncé, on peut s’attendre, comme l’ont fait les gouvernements grecs et espagnols, à une baisse des salaires assumée en tant que telle. « Je ne serai pas le président qui fait la réforme des retraites pour le privé et pas pour le public », avait déclaré Sarkozy en mars dernier. Avec un cynisme sans pareil, le gouvernement prétend que les attaques contre les fonctionnaires seraient une mesure « d’équité ». Il cherche à dresser les salariés du privé, les chômeurs, les travailleurs précaires contre les salariés du public qu’il ose présenter comme des privilégiés et des nantis sous prétexte qu’ils auraient une garantie de l’emploi qu’il fait tout par ailleurs pour remettre en cause. C’est au nom de ces arguments que le gouvernement dénonce comme dépenses inutiles les postes et les salaires des fonctionnaires alors que, pour ne prendre qu’un exemple, les dépenses militaires de l’État français sur la seule année 2009 se montent à 63,9 milliards d’euros. Mais cette propagande mensongère pourrait bien tourner à la farce alors que se révèlent les liens entretenus par Éric Woerth avec les plus grandes fortunes de ce pays, Peugeot et Bettencourt, cette dernière qui possédait une fortune personnelle de 23 milliards de dollars en 2009 selon le magazine Forbes. Car c’est bien l’ensemble de la politique du gouvernement et des hautes sphères de l’État qui est au service de ces grandes fortunes. C’est à leur bénéfice exclusif qu’ils ont créé les déficits publics abyssaux qu’ils cherchent maintenant à faire payer à toute la population en réduisant les dépenses de l’État qui lui sont utiles pour continuer à entretenir cette minorité richissime. Galia Trépère
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