Entretien. Les pompiers professionnels de l’Isère sont en lutte depuis plusieurs semaines. Membre de la direction syndicale CGT et militant du NPA, Yves Delmonte a répondu à nos questions.
Sur tout le département de l’Isère, depuis plusieurs semaines, on remarque que les engins incendie sont tagués « pompiers en colère ». Ces slogans dénoncent aussi le mépris de votre direction. Que se passe-t-il chez les pompiers ?Depuis 3 semaines, la colère est très grande au sein des pompiers professionnels. Cela fait des mois que la direction générale du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) méprise les organisations syndicales. Elle refuse de recevoir les syndicats alors que plusieurs préavis de grève ont été déposés. L’explosion a eu lieu suite à l’annonce par les élus politiques du conseil d’administration d’une augmentation du temps de travail de 67 heures annuelle pour 2014 sans aucune compensation. Pour les syndicats CGT, fédération Autonome et SUD, c’est une véritable provocation.
Pourquoi ?Le 12 décembre dernier, le budget 2014 du conseil général de l’Isère a été voté sous très haute protection policière. Les élus politiques à majorité PS/PCF ont approuvé un budget d’austérité, ayant pour conséquence une augmentation du volume horaire de tous les salariéEs (conseil général et SDIS). Nous travaillons actuellement sur une base de 35 heures hebdomadaire. Une manifestation unitaire a été organisée le jour même devant le conseil général. La réponse fut une violente répression policière. Éric, un pompier de Saint-Martin-d’Hères a été gravement blessé à l’œil suite à un coup de botte d’un CRS. Ce camarade membre de la direction syndicale CGT est toujours en arrêt de travail. Les médecins restent réservés sur les conséquences visuelles.
Travailler plus pour gagner moins ? Ou en est-on aujourd’hui ?Nous sommes arrivés aujourd’hui à un point de non-retour. Le 27 décembre, le conseil d’administration s’est tenu cette fois-ci en préfecture, encore une fois sous très haute protection policière. Les élus du CA (de gauche comme de droite) avaient peur de la réaction des salariéEs en lutte (pompiers et agents administratifs) et plutôt que de rendre des comptes aux travailleurs, ils ont lâchement voté l’austérité en préfecture protégée par les flics. Suite aux différentes assemblées générales, l’intersyndicale a appelé à un rassemblement. Une fois de plus, la violence policière fut considérable, tirs tendus de flash-ball, gaz lacrymogènes, coups de matraque… Quentin, un autre jeune pompier professionnel, a malheureusement définitivement perdu un œil dans ces affrontements. L’émotion est très grande dans les centres de secours. Les camarades sont effondrés, beaucoup ont la rage au ventre car ils se sentent trahis par ces élus de gauche qui avaient promis le changement.
Et maintenant ?On lâche rien ! La lutte continue. Actuellement, nous soutenons sa famille et restons proches en assurant notre soutien. Une conférence de presse intersyndicale sera prochainement organisée devant le SDIS 38. Nous réaffirmerons clairement nos positions : nous refusons l’augmentation du temps de travail. Nous revendiquons l’augmentation des effectifs professionnels et enfin nous exigeons la démission du bureau du conseil d’administration, qui n’a plus aucune légitimité.
Propos recueillis par notre correspondant