Selon la « grande » presse, le rapport de la Cour des comptes sorti le 13 décembre dernier épargnerait La Poste. Une vision bien partielle des choses, car si les « sages » ont épargné la direction de l’entreprise, il en va différemment pour les postierEs et le service public.
Tout d’abord, la Cour des comptes ressort les inepties d’un précédent rapport selon lesquelles les facteurs et factrices sont en situation de sous-activités et trop souvent absentEs. Leur solution ? Renforcer les contrôles afin de traquer les arrêts maladie abusifs et introduire une modulation de la rémunération liée au présentéisme ! Un sordide tour de passe-passe afin d’éviter d’aborder la souffrance des postierEs et leur faire porter les difficultés rencontrées par la boîte !
Sans surprise, l’autre responsable de ces difficultés réside dans le service public, considéré trop cher et ne répondant pas aux nouvelles attentes des populations… Pourtant, tous les sondages relatifs à ce sujet confirment l’attachement des usagerEs à la distribution du courrier six jours sur sept et au maintien des bureaux de poste.Pour la Cour des comptes, l’orientation que donne la direction de La Poste et l’État à cette entreprise est la bonne. Pour prétendument réussir le pari de la transformation, il suffirait de restructurer plus vite, de supprimer plus d’emplois et de fermer plus de bureaux !
Un rapport de commande !
Si certainEs en doutaient encore, deux décisions, officialisées au conseil d’administration du jeudi 15 décembre, ne laissent plus planer le moindre doute sur l’objectif de ce rapport : cautionner les agissements des patrons de La Poste. Ainsi, le budget 2017 de cet établissement ne prévoit pas moins de 500 fermetures de bureaux de poste dans les zones urbaines. Ce matraquage aura inévitablement des conséquences désastreuses, l’état du réseau étant déjà lourdement dégradé. Ainsi, en zone rurale, 66 % des points de contact ne sont plus des bureaux de poste et, tout confondu, 46 % de ces fameux points de contacts sont des agences postales communales ou des relais poste chez les commerçants. Le service public minimum... Il faut noter que les dirigeants de La Poste ne s’embarrassent même plus de justifier les fermetures par des insuffisances d’activité. Pour exemple, le 1er décembre a vu la fermeture des portes du bureau de Paris Gare du Nord, un bureau à très forte affluence mais considéré comme insuffisamment rentable. Haro sur les bureaux populaires !
L’autre décision n’est autre que la validation par le conseil d’administration de La Poste, une semaine après celle de l’Association des maires de France présidée par Baroin, du contrat de présence postale territoriale. Ce contrat est marqué par deux évolutions essentielles : d’une part la priorisation du financement de l’externalisation de l’activité par le fonds de compensation ; d’autre part, la réduction des pouvoirs des maires et des conseils municipaux lors de la fermeture des bureaux de poste. En clair, tout est fait pour réduire drastiquement le nombre de bureaux !
Le débat démocratique sauce gouvernementale...
Comme nous le voyons, toutes ces décisions possèdent une cohérence, celle de démanteler le service public au détriment des usagerEs et des postierEs ! Le rapport de la Cour des comptes prenait tout de même quelques gants pour aborder la révision des missions de service public, en évoquant la nécessité d’un débat public. La réponse du ministre de tutelle ne s’est pas fait attendre : ce n’est ni réalisable ni souhaitable ! Une belle preuve de l’esprit de démocratie de ce gouvernement.Face à cette attaque frontale contre le service public, il est urgent de multiplier les actions regroupant postierEs, usagerEs et éluEs. Dans de nombreuses localités, et pas seulement rurales, des collectifs se créent ou renaissent. Il est de la responsabilités de toutes et tous de les faire vivre !
Bruno Quignard