Publié le Mardi 26 mai 2009 à 13h12.

SNCF : la privatisation déraille 

Mercredi 20 mai, un accident de trains impliquant une compagnie de fret privée a rappelé la dangerosité de la privatisation. 

Dans la nuit du mardi 19 au mercredi 20 mai, un accident s’est produit entre deux trains de marchandises en Charente, sur la ligne Paris-Bordeaux. Le premier convoi transportait des wagons chargés de tractopelles. Le chargement s’est déplacé en cours d’acheminement et l'une des pelleteuses a heurté le train qui arrivait sur la voie contiguë. La locomotive a été fortement endommagée et le conducteur blessé. La circulation des trains sur la ligne Paris-Bordeaux a dû être interrompue une bonne partie de la journée, 30000 voyageurs subissant retards et annulations de trains. Le train de fret à l’origine de l’accident appartient à l’entreprise privée Euro Cargo Rail (ECR, filiale des chemins de fer allemands). Cherchez l’erreur !

Avant même que l’enquête ait commencé, le très libéral secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, s’est empressé de déclarer : « Cela n’a pas de rapport avec la libéralisation du transport ferroviaire ! » A quelques jours des élections européennes, pas question pour nos gouvernants de voir contestée l'une des mesures prises à l’unisson par la Commission européenne, les chefs d’Etat et de gouvernement et les parlementaires européens… L’ouverture à la concurrence avait pour unique but de permettre à des opérateurs privés de prendre les trafics les plus rentables aux entreprises publiques historiques et de pousser à une déréglementation accentuée des conditions de travail.

En cas d’acheminement par la SNCF d’envois tels que des tractopelles, un conseiller vient vérifier si le chargement est bien calé et ne risque pas de bouger durant le transport. Lors du passage des trains dans les gares de triage, des opérateurs appelés « reconnaisseurs » doivent vérifier si le chargement ne s’est pas déplacé. ECR applique-t-elle ces procédures de sécurité élémentaires ? On est en droit de se le demander: depuis l’ouverture à la concurrence, plusieurs incidents de sécurité   imputables aux entreprises privées ont eu lieu. En avril 2008, à Montauban, un train de Veolia Cargo n’a pas pu s’arrêter avant le signal d’arrêt et l’a dépassé de plus de 3000 mètres. L’essai de frein réglementaire n’avait pas été effectué avant le départ. En cause : des procédures non effectuées parce qu’il faut aller vite ; une durée de formation des opérateurs plus courte qu’à la SNCF.

L’an passé, le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, a pris prétexte de la libéralisation pour vouloir calquer les conditions de travail des conducteurs et agents de manœuvre du fret sur celles du privé. La mobilisation l’a contraint à revenir en arrière, mais la direction essaye de contourner le problème en créant des filiales où le statut cheminot ne s’applique pas. L’exemple de la filiale VFLI, qui assure les dessertes chez les chargeurs, est éloquent : il y a deux fois moins d’agents pour manœuvrer les wagons et le temps de travail a augmenté.

Pour le NPA, pas question de jouer avec la sécurité ! Dès qu’on introduit les critères de rentabilité du privé dans la circulation ferroviaire, on court le risque d’accidents. Il faut inverser la vapeur et rompre avec la logique de libéralisation et de privatisation à l’œuvre. Les candidats du NPA aux européennes se font l’écho de cette revendication qui est largement portée dans les mobilisations cheminotes.