Publié le Mercredi 29 juin 2016 à 16h51.

28 juin : la liberté de manifester selon Hollande-Valls

Après la manifestation sous contrôle policier du 23 juin, qui s’était terminé par des nasses pour des centaines de manifestants empêchés d’arriver à Bastille, et des matraquages et  interpellations d’une dizaines de personnes, le gouvernement et sa Préfecture de police de Paris (PP) ont franchi une nouvelle étape le 28 juin.

Dès l’aube, plusieurs militantEs ont reçu la visite à leur domicile de policiers venus leur signifier des interdictions de manifester et certains, dont un syndicaliste de SUD Education 75 se sont retrouvés placés en GAV (prolongée de 24h). Mais ce n’était que le début de la journée. En fin de matinée, se tenait à la Bourse du Travail, rue du Château d’Eau une AG réunissant plus de 200 intermittents du spectacle en lutte, postiers grévistes et militantEs de l’interpro 92 (enseignantEs, secteur social…), de l’AG interpro de Saint-Denis pour préparer la manif. La Bourse du Travail s’est retrouvée encerclée par les CRS puis les gendarmes mobiles qui prétendaient contrôler touTEs les personnes sortant de la Bourse du Travail. Une grande première depuis des décennies que d’entraver la liberté d’entrer et sortir d’une Bourse du Travail, le PS se surpasse dans les innovations anti-démocratiques! Les interventions des syndicats UD CGT 75, Solidaires Paris, FSU n’ont pas fait bouger le préfet, et les grévistes et militantEs qui ne voulaient pas se soumettre au contrôle d’identité et fouille au corps ont de fait été interditEs de manifester.  Ils et elles sont restéEs retenuEs dans une nasse policière jusqu’à 18h et l’afflux sur la place de la République et autour de la Bourse du Travail de centaines de manifestantEs  revenant de la manifestation.

Pendant ce temps, autour de la place de la Bastille et sur le parcours de la manif, la PP déployait 2 500 policiers et gendarmes pour fermer tous les accès du parcours de la manif. Les organisations syndicales (CGT et Solidaires) ainsi que le NPA ont dénoncé dans des communiqués les camionnettes et voitures empêchées d’entrer dans le périmètre, le NPA n’a même pas pu faire entrer des tracts et drapeaux pour tenir un point fixe et s’adresser aux autres manifestantEs comme nous le faisons à chaque manifestation depuis le 9 mars. Quant aux manifestantEs, selon les parcours empruntés ils ont subi une à plusieurs fouilles, plus ou moins agressives selon les dispositifs policiers qui les pratiquaient. Autant dire qu’un certain nombre ont renoncé à manifester dans de telles conditions et il y a de quoi ! L’entrave à la liberté de circuler et de manifester pour pouvoir annoncer la baisse du nombre de manifestantEs, le jour même où un nouveau sondage annonçait 7 personnes sur 10 opposées à la loi travail, voilà les derniers recours de ce gouvernement embarqué dans une stratégie de la tension.

Malgré tout, ce dispositif de harcèlement policier qui a tenté de provoquer tout au long du parcours des affrontements avec le cortège de tête (précédant le carré de tête des organisations syndicales)  la manif a regroupé plusieurs dizaines de milliers de personnes bien décidées à ne pas lâcher la rue. Et à partir de 18h30, l’AG qui s’est tenue à la Bourse du Travail de nouveau accessible à touTEs a réuni plus de 800 personnes (ce qui ne s’était pas produit depuis le début de la mobilisation. Quand on lit aussi que 73 % des sondéEs (Le Parisien d’hier) sont opposéEs au 49-3 et 58 % souhaitent que les « frondeurs » votent une motion de censure avec la droite, on voit bien que Hollande et Valls ne se sont pas débarrassés de la mobilisation.

Cathy Billard