En février dernier, l’usine Cofpa-Albany de Saint-Junien (près de Limoges) était cadenassée par la direction du groupe Albany international, signifiant la fermeture de l’usine aux 130 salariés. Une usine flambant neuve, construite après le rachat par Albany de l’usine Cofpa en faillite, avec l’aide de millions d’investissement public des collectivités territoriales…Cette usine, où les ouvriers fabriquent de la toile non tissée, avait dégagé pour les actionnaires d’Albany 4 millions d’euros de bénéfices nets en 2011. Mais pour eux, ce n’était pas assez et ils avaient l’intention de transférer la production vers le site de Sélestat en Alsace et en Amérique du Nord. Ce fut l’indignation, la colère et la mobilisation des travailleurs d’Albany, soutenus par toute la population locale et les élus. Olivier Besancenot était venu soutenir et encourager leur combat au mois de mars. En pleine campagne présidentielle, Albany fut sous le feu des projecteurs et finalement la direction d’Albany retirait son projet. Un sursis en fait, comme le pensait beaucoup de salariés, car de nouveau la direction annonce un plan de licenciement, prélude à une probable fermeture et convoque un comité central d’entreprise extraordinaire… en Suisse !
Agitation et impuissance gouvernementaleDe nouveau, les travailleurs d’Albany se mobilisent. Ils ont manifesté le 10 novembre à Saint-Junien, et remis ça le 14 avec d’autres salariés du bassin. Une délégation syndicale et d’élus locaux ont rencontré Montebourg le 16, profitant de sa visite à Limoges pour vanter le « Made in France ». Il était venu les soutenir dans le cadre de sa campagne pour Hollande en mars dernier, disant entre autres que si le PS était au pouvoir, il interdirait à ces patrons voyous de fermer les usines. La délégation syndicale lui a expliqué que l’entreprise avait les carnets de commandes pleins et réaliserait autant de bénéfices en 2012 qu’en 2011, malgré l’absence de production en février et mars suite au conflit. Puis la délégation lui a demandé de convoquer une table ronde gouvernement-direction-syndicat avant la tenue du CCE, ce qu’il n’a pas pris en compte, ne pouvant s’immiscer dans les affaires privées ! Bref, on verra après les décisions de la direction, les patrons voyous peuvent dormir tranquilles.Bon nombres de salariés n’attendaient pas grand-chose de cette entrevue. Ils savent et sentent qu’il ne pourront compter que sur leur mobilisation et surtout qu’elle reste à construire plus largement.René Sens