Entretien. Les salariéEs du centre d’appel Ceacom sont en grève depuis lundi 7 octobre pour la défense de leurs revendications dans le cadre des NAO. Déjà l’an dernier, ils s’étaient fortement mobilisés avec le soutien des syndicats CGT de l’agglo. Le matin, des dizaines de militantEs viennent du port, des docks, de la pétrochimie, mais il y a aussi des habitants du quartier, pour soutenir les grévistes. Un piquet d’une centaine de salariéEs bloque l’entrée du site, avec le soutien des union locales CGT et CFDT. Entretien avec Valérie, déléguée syndicale CGT.
Peux-tu nous expliquer ce que fait la boîte et quelles sont les conditions de travail ?Ceacom au Havre, c’est 480 salariés, dont 340 conseillers clientèle, essentiellement des femmes et des jeunes, et de nombreux temps partiels. Les clients de la boîte sont EdF (gestion des contrats) et Orange... Elle appartient au groupe Bertelsmann (7 milliards de chiffre d’affaires, 768 millions de bénéfice). Le site existe depuis 7 ans et, même s’il emploie beaucoup de CDD, une partie du personnel est passée en CDI. Nous sommes sous le régime de la convention collective « Syntex ». Les salaires sont de 1 100 euros par mois, sans reconnaissance d’ancienneté. Nous n’avons quasiment aucun droit : pas de journée enfant malade, 10 minutes de pause rémunérée (au prorata du temps de travail), pas de prime et une pression continue sur le site. Pas question de discuter entre deux appels, et si tu vas aux toilettes, c’est décompté de ta pause.Qu’est-ce qui a déclenché la grève et quelles sont vos revendications ?À chaque NAO, c’est la même chose, le patron refuse toutes nos revendications. L’an dernier déjà nous avions mené une grosse grève en bloquant le site. On n’avait pas gagné sur tout, mais on avait montré qu’on était capables de relever la tête et on avait obtenu une prime exceptionnelle de Noël de 250 euros brut. La CGT a remporté les élections professionnelles suivantes. Cette année, au bout d’un mois de négociation, le patron n’a même pas regardé nos revendications. Il nous propose seulement de passer sous la convention « Presta » (de laquelle nous devrions dépendre), mais celle-ci n’est vraiment plus favorable que pour les cadres (qui gagnent le droit à l’ancienneté).Nous, nous revendiquons une hausse de revenu sous forme d’une prime annuelle de 400 euros pour tous, trois jours enfant malade et une pause de 20 minutes rémunérée sans prorata du temps de travail. Le patron prétend qu’il n’a pas les moyens, mais il a été contraint d’admettre qu’il a une enveloppe de près de 500 000 euros... Sans parler des moyens de Bertelsmann ! Nous on veut que cette prime soit répartie également parmi tous, sans condition d’ancienneté notamment parce que ce sont les plus jeunes qui sont le plus mobilisés.Où en est votre mobilisation et que peut-on faire pour vous aider ?On continue la grève et le blocage du site. On en a marre de devoir se mobiliser chaque année pour pouvoir faire la fête comme tous le monde à Noël. On veut être respecté pour le travail qu’on fait et obtenir une prime permanente. Comme l’année dernière, les salariéEs sont très motivés mais on ne pourra gagner qu’avec le soutien extérieur. Vous pouvez nous aider en faisant connaître notre mobilisation, en passant nous soutenir sur les piquets de grève ou en participant à la caisse de grève.Propos recueillis par le NPA du Havre