Publié le Mercredi 14 novembre 2012 à 16h54.

Edito : Un 14 novembre sans patrie ni frontières !

Quel est l’avenir du peuple grec, quand la police arrête le journaliste qui a divulgué les noms des 2 000 riches personnalités fraudant le fisc, tandis que pour éviter le défaut de paiement le Parlement vote jeudi dernier un nouveau plan d’austérité comportant le recul à 67 ans de l’âge du départ à la retraite ?Dans quelle société les Espagnols meurent-ils, où leurs impôts servent à sauver les banques, celles-là mêmes qui ont expulsé plus de 350 000 familles de leur logement depuis 2008 et poussé ainsi trois personnes au suicide depuis un mois ?Et nous, dans quel pays vit-on, où le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg en appelle au patriotisme économique pour nous faire accepter la baisse du pouvoir d’achat pendant que les supermarchés fixent des antivols sur la nourriture ? Dans quelle Europe vit-t-on, où les fachos de tous les pays se délectent de la crise, de la corruption des pouvoirs en place, des discours racistes banalisés, des tentations protectionnistes, avec pour leitmotiv la perte d’identité ?Notre force réside par-delà les frontières. Nous subissons les mêmes politiques, mais nous sommes des millions à les contester. En septembre, des centaines de milliers de manifestants portugais nous ont montré que des victoires sont possibles. Les 6 et 7 novembre, les salariés grecs ont réussi la plus grosse grève générale depuis le premier mémorandum imposé par la Troïka au printemps 2010. Ce lundi en Espagne, le gouvernement a dû promettre la suspension des expulsions de logement face à la pression des collectifs « Arrêtez les expulsions » qui organisent des manifestations pour empêcher les huissiers d’intervenir. Le 14 novembre a eu lieu une grève générale dans ces pays. En France et dans de nombreux pays d’Europe ont aussi eu lieu des rassemblements, des actions, des manifestations, des grèves. Ce jour nous a donc permis de tourner ensemble notre colère contre ceux qui sèment la misère. Nous avons à n’en pas douter les mêmes slogans : contre la Troïka, contre nos gouvernements, contre les plans d’austérité, pour une Europe des solidarités qui répartisse les richesses, développe les services publics, garantisse un emploi à chacun. C’est pourquoi nous sommes de ceux qui brandissent des drapeaux rouges, pas des marinières.Vanina Giudicelli