Publié le Mardi 20 septembre 2011 à 18h45.

Essai : Pour le droit à l’emploi

Ce troisième volume des Cahiers de l’émancipation s’attaque à la difficile question de l’emploi : les différentEs auteurEs s’efforcent de défricher les voies d’une politique anticapitaliste sur ce thème. Malgré quelques inégalités, la plupart des contributions s’organisent autour de deux axes : l’actualité d’un objectif de plein emploi et la nécessité d’une nouvelle réduction du temps de travail. L’introduction d’Antoine Artous ouvre cette double perspective par un rapide historique des débats qui ont traversé le mouvement des chômeurs, permettant de poser les tensions entre emploi et revenu. Les textes composant le cahier abordent ensuite les différents aspects de cette politique.

Les militantEs y trouveront des synthèses utiles et d’excellente qualité (en particulier le texte de Laurent Garrouste sur les licenciements, celui de Michel Husson sur le plein emploi et celui de Stéphanie Treillet sur le salaire socialisé). L’ensemble aurait sans doute gagné en clarté en s’intitulant : « Vers le plein emploi, pour les 32 heures », puisque c’est cette question qui revient sous la plume de la plupart des auteurEs. Treillet le rappelle d’ailleurs fort justement : en ce qui concerne la lutte contre le chômage, « la bataille non menée (par la gauche et l’essentiel des confédérations syndicales) c’est celle de la réduction collective et uniforme du temps de travail ». Et Husson en fait la pierre de touche d’une politique de transformation sociale, articulée avec l’objectif du plein emploi et l’extension de la gratuité. Reste une question essentielle : comment porter un tel programme ? La lutte pour les retraites a démontré qu’il était possible de gagner la bataille des idées mais de perdre sur le terrain. Husson la pose à sa façon : « L’enclenchement d’un tel schéma stratégique passe par la recherche de formes d’organisation prenant en compte les facteurs de fractionnement du salariat ». Ce qui pose la question du syndicalisme et de ses tâches. Voilà qui appelle au moins un nouveau volume des Cahiers de l’émancipation !

Henri Clément

Les cahiers de l’émancipation, Syllepse, 130 pages, 7 euros