Le samedi 17 octobre sera la journée mondiale de lutte contre la pauvreté. Il ne faut pas se faire d’illusion sur ce type d’initiative qui sert avant tout de prétexte à un déluge de bonne paroles prononcées par des gens qui ont l’intention de les mettre le moins possible en pratique.
Mais pour une fois, on a un Premier ministre qui parle « cash ». Jean Castex a annoncé la couleur lundi 12 octobre sur France Info : « Samedi prochain, journée nationale de lutte contre la pauvreté, le gouvernement annoncera les décisions qu’il prend pour les plus vulnérables […] Nous ne varierons pas sur un point, c’est que tout ce qui est RSA, c’est-à-dire ce qui donne des allocations relatives à un état de pauvreté, ne sont pas dans nos priorités ». Sauf changement de pied à la dernière minute, les seules mesures annoncées devraient concerner les « dispositifs d’insertion » destinés à conduire les gens vers des emplois inexistants en ces temps de crise ou vers des petits morceaux d’emploi qui ne permettent pas de vivre.
Et même à supposer que ces dispositifs conduisent dans certains cas à de vrais emplois, en attendant il faut se chauffer, se nourrir, payer son loyer, habiller les enfants... Aucune aide supplémentaire pour aider les plus fragiles et les plus précaires qui ont pris de plein fouet la crise économique. Selon certains calculs, les mesures les concernant représentent 0,8 % des 100 milliards du « plan de relance » !
Avec la crise, les demandes de RSA ont augmenté de 10 % depuis août 2019 : toutes les associations humanitaires alertent sur l’explosion du nombre de gens qui s’adressent à elles. Selon ces associations, la crise sanitaire a fait basculer dans la pauvreté un million de personnes, qui s’ajoutent ainsi aux 9,3 millions qui vivaient déjà au-dessous du seuil de pauvreté.
La crise ne produit pas que des difficultés pour les entreprises, elle fabrique d’abord des pauvres et précaires supplémentaires. Mais de ceux-là, le gouvernement se moque comme il se moque de toutes celles et tous ceux qui ont perdu leur emploi ou vont le perdre. Oui, il faut augmenter le RSA et aussi l’étendre aux jeunes, mais il faut surtout agir sur les mécanismes qui fabriquent des pauvres, en interdisant les licenciements, en partageant le travail pour que toutes et tous puissent travailler, en refaisant du CDI à temps plein le contrat de droit commun.