Les agendas se remplissent, annonçant ce que les unEs et les autres veulent faire de ces prochains mois...
Il y a ceux qui se bousculent pour l’élection présidentielle. Sarkozy énumère ses obsessions : les migrantEs : « Calais redeviendra une ville avec un potentiel » ; Nuit debout et les zadistes : « Le 7 mai la place de la République sera débarrassée, Notre-Dame-des-Landes libérée... » ; les fonctionnaires et derrières eux tous les salariéEs : « Je veux moins de fonctionnaires donc ils vont travailler plus ». Des obsessions certes sarkozystes, mais largement partagées ! La multiplication des candidats, à droite comme au PS, ou la très médiatisée démission de Macron sont le reflet de la crise profonde non seulement du gouvernement mais de tout le système politique.
L’agenda du pouvoir est plus que jamais militaire, sécuritaire et raciste, instrumentalisant l’émotion légitime provoquée par les tragiques événements de Nice et de Saint-Étienne-du-Rouvray. Tout ce beau monde voudrait bien en finir avec la mobilisation contre la loi travail et clore définitivement ce qui est pour eux une parenthèse désagréable. Signe de cet espoir qu’ils ont en commun, la réapparition de Marine Le Pen qui nous fait le coup de la « France des oubliés »...
Notre agenda anti-répression
Le 31 août à l’aube, la police a embarqué deux dockers CGT du Havre pour les placer en garde à vue au motif de « violence en réunion »... dans le cadre de la manifestation nationale du 14 juin dernier ! Provocation ? Volonté de tester les capacités de réaction dans une ville particulièrement en pointe dans la mobilisation du printemps ? La riposte n’a pas tardé. Le port a été paralysé par une grève totale jusqu’à la sortie des syndicalistes en fin de journée. Une nouvelle date, le 25 novembre, jour où les deux dockers sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Paris, pour « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique » vient donc s’ajouter à notre agenda déjà bien rempli contre la criminalisation de l’action syndicale.
Les Goodyear seront jugés le 19 octobre en appel à Amiens, et les quinze d’Air France comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Bobigny ces 27 et 28 septembre, pour l’affaire de la chemise arrachée.
L’agenda anti-répression, ce sont aussi des dizaines de manifestantEs poursuivis par une justice revancharde qui tente ainsi de faire oublier les violences policières qui se sont déchaînées tout au long de ces quatre mois de mobilisation.
Il faudra répondre massivement à chacun de ces rendez-vous. Mais plus encore, il faut construire une riposte large, unitaire, car la répression n’est pas un dommage collatéral de la politique antisociale, elle constitue l’un des piliers du « monde de la loi travail » qui est partout, dans et hors des entreprises, dans les quartiers, antidémocratique et répressif.
Ensemble, ce 15 septembre et après...
Le gouvernement, la droite, l’extrême droite aimeraient bien tourner la page « sociale », mais la lutte des classes contre les salariéEs ne fait pas de pause.
Ainsi, pour réaliser 35 % de marge, la direction de SFR est prête à supprimer 4 145 emplois, ce qui a entraîné une journée de grève... Au Centre hospitalier du Rouvray, c’est à l’aggravation des conditions de travail et de la précarité que les salariéEs ont répondu à par la grève reconductible.
La journée de grève et de manifestations intersyndicale du jeudi 15 septembre sera évidemment un test. Elle est préparée activement pour convaincre de se mobiliser en masse pour l’abrogation de la loi travail, toujours aussi rejetée et illégitime.
La multiplication des rendez-vous des Nuits debout et des différents collectifs partout dans le pays, les rassemblements qui ont accueilli le meeting du PS à Colomiers ou réclamé « la séparation du Medef et de l’État », la préparation de la riposte à toute tentative de coup de force à Notre-Dame-des-Landes, sans oublier les ripostes antiracistes, contre l’islamophobie ou le travail de solidarité avec les migrantEs – à Calais ou ailleurs –, tellement indispensables dans le climat nauséabond actuel... toutes ces initiatives montrent que nous sommes des milliers déterminés à combattre ce gouvernement et toute sa politique. Mais nous ne gagnerons pas seuls nous devons mettre toutes nos énergies à convaincre et à élargir encore et encore nos mobilisations.
Nous avons toutes et tous intérêt à croiser nos expériences, à soutenir mutuellement nos combats et nos engagements, parce qu’ensemble, nous sommes bien sûr plus forts, mais surtout parce qu’ensemble, nous pouvons imposer notre propre agenda, nos propres sujets sociaux, écologiques, démocratiques, contre tous les projets nuisibles de leur monde capitaliste. Nous pouvons travailler à construire une force pour nous représenter nous-mêmes, pour réoccuper l’espace politique squatté par ceux qui ne nous représentent pas mais continuent à décider en notre nom.
Christine Poupin