Le 19 octobre dernier, au tribunal de Nanterre, 150 manifestants de la Snecma Gennevilliers venus soutenir six de leurs camarades syndicalistes CGT convoqués devant le juge d’instruction, croisaient une délégation des salariés des Fonderies du Poitou rassemblés devant le tribunal de commerce. Nous étions soutenus par des délégations CGT des autres sites Snecma et de l’UD-CGT 92.
Les faits remontent à juillet 2008. La direction avait licencié un jeune pour des absences et retards. Cela avait provoqué des débrayages pour protester contre cette sanction disproportionnée. Avec ce licenciement, la direction voulait sa revanche sur le dur conflit de février 2008 où elle avait dû céder en partie aux grévistes avec une augmentation de 150 euros. La grève avait démarré dans l’atelier où travaillait le jeune licencié. La direction se murant dans un silence méprisant face aux manifestations de solidarité, une bonne cinquantaine de militants et salariés décident de rester devant le bureau du directeur du site pour obtenir une réponse. Celui-ci ne se décida à en sortir qu’après l’arrivée de 80 flics lourdement équipés et accompagnés de chiens. La direction veut faire condamner ces faits comme séquestration et violence en réunion, alors qu’ils se résument à quelques heures supplémentaires pour un directeur payé par ailleurs au forfait ; s’il y a eu violence dans cette affaire, c’est bien du côté de la direction qui n’a pas hésité à jeter à la rue un jeune pour des broutilles ; mais cette violence serait légale…
Revancharde mais prudente, la direction se limita à l’époque à des avertissements et mises en garde de dix militants pour cette « séquestration ». Sournoise, elle déposa une première plainte déclarée sans suite avec de simples rappels à la loi. Mais, persévérante, elle déposa, en novembre 2009, une nouvelle plainte avec constitution de partie civile auprès du procureur qui a entraîné la procédure actuelle trois ans après les faits. Les militants convoqués sont ressortis du bureau du juge avec pour le moment le statut de témoin assisté ; prudence devant la mobilisation ou volonté de gagner du temps ? En revanche, il est certain que la Snecma n’est pas isolée dans cet acharnement et qu’elle a le soutien du patronat et du gouvernement.
En ces temps de crise, il leur faut cogner sur les syndicats combatifs en les traînant en justice comme à La Poste ou EDF. Sanctionner des militants ne leur suffit plus, ils veulent criminaliser les actions et instiller ainsi la peur dans les équipes syndicales et les salariés.
Notre riposte doit être la solidarité ; les salariés Snecma Gennevilliers l’ont bien compris.