Publié le Mercredi 14 septembre 2011 à 21h55.

Une riposte qui se construit dans les luttes

Alors que les prochains mois seront placés en même temps sous le signe des élections et de l’austérité, les luttes sociales continuent.Gouvernement et patronat aimeraient bien que les salariés attendent tranquillement les élections pendant que le premier continue à dérouler ses plans d’austérité et que les seconds multiplient les réductions d’emplois, les fermetures de sites et bloquent les salaires. Sur fond de propagande sur la nécessité de l’effort partagé contre la crise et à la dette publique, le patronat n’hésite pas à afficher ses projets pour faire face à une récession aggravée.Dans la sidérurgie, à Florange, Arcelor Mittal prépare à la fermeture d’un site dans la vallée de la Fensch où travaillent actuellement 3 000 salariés. Avec la fermeture envisagée de la filière chaude, plus de 2 000 emplois directs dont 400 emplois intérimaires sont concernés. Et ce n’est pas la prise en charge du dossier par le ministre de l’Industrie qui nous rassure : les engagements pris par Sarkozy en 2008 n’ont pas empêché la liquidation de 600 emplois à Grandrange. « Réduire les coûts »Dans l’automobile, le patronat est prêt à réduire massivement les « coûts » si les ventes prennent le chemin prévisible d’une nouvelle baisse. Christian Varin, PDG de PSA, annonce la douleur en prévoyant « d’accélérer les réductions de coûts » en précisant que « Vous ne réduisez pas vos coûts si vous conservez vos effectifs inchangés. » Et, pour ce faire : « Nous avons d’ailleurs commencé à réduire notre activité dans certaines usines. Nous allons parallèlement adapter notre volant d’intérimaires et de sous-traitance d’ici à la fin de l’année. » La crise qui frappe de nouveau les banques ne manquera pas de déboucher sur des restructurations et donc des suppressions d’emplois et d’ailleurs elles aussi annoncent d’ores et déjà des « réductions de coûts ».Résistances Malgré le matraquage médiatique sur le caractère inéluctable des efforts de tous pour sortir de la crise et le bilan amer tiré de la mobilisation sur les retraites, les salariés ne restent pas l’arme au pied.Les salariés de Fralib, fabricant de thé dans le giron du groupe Unilever, en lutte depuis des mois contre la fermeture de l’entreprise, occupent le site depuis le 3 septembre. Ils se battent pour le maintien de l’activité en multipliant les actions de popularisation notamment avec une campagne de boycott de la marque Lipton . Chez PSA, dès l’annonce de menaces sur les sites d’Aulnay, de SevelNord et de Madrid, des débrayages et manifestations ont montré la volonté de résistance des salariés.Aux Fonderies du Poitou, sous-traitant à 80 % pour Renault, le « patron voyou » aux 3 millions de revenus veux baisser les salaires de 23 %, tout en supprimant plusieurs jours de RTT. Les salariés en grève occupent et popularisent chaque jour leur lutte dans la région. À la Sogeres, filiale de Sodexo, une quarantaine d’employés, chauffeurs, cuisiniers et conditionneurs bloquent la distribution des repas d’écoles, hôpitaux... dans le Val-d’Oise pour des augmentations de salaire et contre les conditions de travail. La grève pour les salaires se poursuit et s’amplifie au sein des restaurants Léon de Bruxelles à Paris. Chez Goodyear-Dunlop à Riom, les travailleurs sont en grève pour des augmentations de salaire depuis le 5 septembre avec des participations de 100 % dans la production. ConvergencesAinsi, dans de multiples entreprises du privé ou du public, les travailleurs affichent leur volonté de s’opposer aux politiques patronales et gouvernementales. Mais dans les assemblées générales, dans les réunions syndicales, les débats tournent autour de la coordination des luttes, de leur généralisation, de la nécessité de sortir de l’isolement, de construire le Tous ensemble. Du côté des confédérations syndicales, l’unité affichée pendant le mouvement des retraites n’a pas résisté à l’échec de sa stratégie et à l’approfondissement de la crise économique. Les appels à la mobilisation dans l’Éducation nationale le 27 septembre et interprofessionnelle le 11 octobre peuvent servir de points d’appui pour tous ceux qui refusent la résignation mais ne sauraient répondre à la gravité des attaques. Continuer la lutte partout où cela sera possible, coordonner, prendre des initiatives de mobilisation : notre feuille de route est moins que jamais une page blanche.

Robert Pelletier