Loppsi 2 intègre un certain nombre de dispositions relatives aux nouvelles technologies. L’article 2 du projet de loi condamne « le fait d’usurper l’identité d’un tiers ou une ou plusieurs données de toute nature permettant de l’identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d’autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération ». Sur les réseaux sociaux, les caricatures et les faux profils humoristiques, créés pourtant sans véritable intention de nuire sont donc dans la ligne de mire... un danger pour la liberté d’expression. L’article 4 visant à filtrer les contenus pornographiques est de loin le plus inquiétant. Cette technique qui peut être étendue à la protection de la propriété intellectuelle ou la lutte contre le piratage, sonne comme un filtrage du web pur et simple et la fin d’un réseau libre. Inefficace techniquement à l’encontre des pédocriminels, cette mesure censée protéger l’internaute contre lui-même est avant tout un cheval de Troie législatif qui permettra d’étendre le dispositif à d’autres types de contenus... Un peu comme le FNAEG, le fichier des empreintes ADN, d’abord réservé aux crimes sexuels, puis régulièrement étendu au point de contenir aujourd’hui les empreintes de plus d’1,5 million de Français. On glisse doucement vers une surveillance accrue et liberticide, à l’image de l’article 23 prévoyant l’installation de mouchards sur les ordinateurs pour une durée de quatre mois, visant l’écoute de personnes impliquées dans le « délit de solidarité » ou la « non-justification de ressources correspondant au train de vie ». La loi renforce également l’attirail policier. Ainsi, 70 % des crédits supplémentaires dégagés grâce à la loi seront utilisés pour financer des dépenses de fonctionnement ou d’équipement, soit 1,773 des 2,539 milliards d’euros : caméras embarquées dans les véhicules, dispositif expérimental de lecture automatisée des plaques d’immatriculation, systèmes portables de vidéosurveillance et dispositifs de surveillance de nouvelle génération pour les hélicoptères, voilà ce qui nous guette... Mais c’est aussi la dématérialisation des procédures, le développement du procès-verbal électronique, de la visioconférence, de la pré-plainte en ligne, des bornes de visiophonie à l’entrée des brigades de gendarmerie, le déploiement de lecteurs biométriques multifonctions pour contrôler les nouveaux titres sécurisés électroniques et le déploiement d’une carte professionnelle à puce multifonctions qui nous attendent. Sans parler d’Ariane, le système d’application de rapprochement, d’identification et d’analyse pour les enquêteurs destiné à fusionner les fichiers Stic de la police (28 millions de victimes, 5,5 millions de « suspects ») et Judex de la gendarmerie (2,15 millions de « suspects »). Et ce n’est pas fini ! On verra bientôt se développer des systèmes Imsi catcher (fausses bornes GSM qui permettent d’écouter et de localiser en temps réel les téléphones portables), et nos super-flics s’armeront de lunettes de protection, gilets tactiques et pare-balles, d’armes légères de défense, de lanceurs de 40 mm et de pistolets à impulsion électrique, mais également de « lanceurs d’eau »… Tremblez citoyens ! Exit le respect des droits humains élémentaires ! Loppsi 2 stigmatise des populations entières, installe des surveillances généralisées, confie des actions de police à des acteurs privés dans le seul but de surveiller, contrôler et brider l’internet. Activation du micro, de la webcam, captation de vos frappes clavier... Loppsi 2 vous regarde, vous écoute et bientôt vous condamnera, dans l’indifférence générale. Coralie Wawrzyniak
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