Publié le Jeudi 26 novembre 2015 à 11h50.

État d’urgence : Pas de trêve sociale, continuons nos combats !

À l’exception notable de sept éluEs du PS et d’EÉLV (6 contre et 1 abstention), tous les députéEs, Front de gauche compris, ont voté la prolongation de l’état d’urgence pour une durée de trois mois. Trois mois pendant lesquels l’arbitraire le plus complet présidera quant aux autorisations et interdictions de meetings, rassemblements et manifestations...

Mis en place à l’occasion de la première guerre du Golfe, le plan Vigipirate, sans cesse renforcé depuis, n’a jamais permis d’empêcher le moindre attentat, sauf à déployer des militaires et des policiers dans les supermarchés, les stades et les salles de spectacle. Les dispositions de l’état d’urgence seront tout aussi inefficaces.

Le droit de manifester en danger ?

Il est révélateur que la première manifestation interdite ait été celle appelée dimanche dernier en solidarité avec les migrants (voir article en page 8). « Mais pourquoi l’interdiction d’une telle manifestation de solidarité ? Constitue-t-elle une menace ou trouble à l’ordre public ? », s’interroge fort justement le député PS Pouria Amirshahi dans un message de soutien au rassemblement. « Nous dénonçons cette interdiction contre une manifestation de soutien à des êtres humains qui ont fui la violence et la guerre » lui font écho les députés EÉLV Noël Mamère et Sergio Coronado.Les dérives autoritaires de l’État lors de l’interdiction des manifestations de soutien au peuple palestinien de l’été 2014 n’étaient qu’un avant-goût de ce qui peut attendre notre camp social, et le pire signe que nous pourrions donner aux autorités serait de nous autocensurer et d’annuler nos échéances de mobilisations. Ainsi, samedi 21 novembre, l’annulation par ses organisatrices de la manifestation contre les violences faites aux femmes montre à quel point le pouvoir est prêt à user de toute sa force de dissuasion pour étouffer les voix discordante dans le consensus sécuritaire qu’il voudrait mettre en place.Nous n’en sommes heureusement pas là, et les réactions syndicales, notamment celles de la CGT et de Solidaires vont dans le bons sens. Ainsi dès le 16 novembre, l’union départementale de Paris de la CGT affirmait : « Nous refusons de renoncer au droit de défendre les intérêts des salariés. Nous savons apprécier par nous-mêmes les circonstances dans lesquelles nous pouvons ou non appeler à manifester ou se rassembler et entendons continuer à procéder de la sorte ». Même son de cloche à Solidaires : « Nous sommes convaincus que la restriction des libertés publiques entraînera des dommages collatéraux contre toutes les formes d’expression démocratiques (liberté de la presse, droit à manifester, etc.) ».

Riposter ces prochains jours

Dès jeudi 26 novembre à 18 heures, à l’appel de syndicats, d’organisations et de collectifs de sans-papiers (CGT Paris, DAL, DD, CSP75...), une « manifestation contre l’interdiction de manifester » partira de la place de la République à Paris.Quelques jours plus tard, le mercredi 2 décembre, la CGT appelle à une journée nationale d’action contre la criminalisation de l’action syndicale et la casse du code du travail. Ainsi, un rassemblement se tiendra à midi devant le TGI de Bobigny en soutien aux 16 salariés d’Air France poursuivis pour leur action syndicale. Cette mobilisation, importante et emblématique, est maintenue par la CGT en dépit de l’état d’urgence. C’est un point d’appui pour la suite.Et bien évidemment, avec la COP21 qui commence, les discussions se poursuivent au sein des différents collectifs organisateurs au sujet des mobilisations prévues à l’occasion de la conférence climatique (voir article en page 10). De la résistance aux fortes pressions de l’État auxquelles ceux-ci sont soumis dépendra l’ampleur et la combativité des manifestations qui doivent être maintenues.Comme le criaient des manifestantEs dimanche dernier, « État d’urgence, État policier, ils nous empêcheront pas de manifester ! »

Alain Pojolat