Le tribunal de l’inquisition a rendu son verdict jeudi 8 septembre dans le procès intenté à Jean-Marc Rouillan par le parquet central – c’est à dire l’État – et l’AFVT (Association française des victimes de terrorisme) : 8 mois de prison ferme pour « avoir fait preuve d’empathie à l’égard des auteurs des attentats qui ont frappé le territoire français en janvier et novembre 2015 (…). Une indéniable apologie d’actions terroristes ».
La Ligue des droits de l’Homme « qui avait déjà alerté sur cette situation, dénonce cette condamnation de propos qui relèvent de la liberté d’opinion. Elle s’élève contre les dérives qui consisteraient à ce que les juges, à l’occasion notamment du transfert de l’infraction d’apologie du terrorisme dans le Code pénal, s’instaurent en police de l’opinion, portant ainsi des atteintes graves à la liberté d’expression ».
Des allégations infamantes !
En ne retenant qu’une expression tirée de près d’une heure d’interview donnée au mensuel satirique marseillais le Ravi, diffusé sur Radio grenouille, les inquisiteurs du TGI de Paris laisseraient entendre que notre camarade éprouverait une « empathie » pour les tueurs de Daesh ! Cela après avoir explicitement dénoncé le projet de société obscurantiste que promeuvent ces derniers, projet tout à fait à l’opposé des convictions communistes et libertaires que Jean-Marc a développées au long de sa vie militante et à travers ses écrits. Rappelons également que l’organisation Action directe dont Jean-Marc était membre était fermement opposée aux attentats massacres.
Faut-il pour autant déshumaniser son ennemi, jusqu’à ne pas même lui concéder un certain courage, ou cette valeur ne serait-elle réservée qu’aux partisans du « camp du bien » ? Dans sa grande campagne éradicatrice, le pouvoir a tranché ! « Chercher à comprendre, c’est déjà excuser », nous avais prévenu Valls. La police de la pensée a de beaux jours devant elle.
Rompre l’isolement, riposter
Bien qu’il ait fait appel de la décision et que le Code de procédure pénal indique que l’exécution de la peine prononcée soit suspendue jusqu’au nouveau procès, Jean-Marc peut être arrêté et réincarcéré à tout moment. Son statut actuel de mise en liberté conditionnelle donne tout pouvoir au parquet pour cela. Une réincarcération le ferait repartir pour une peine... indéterminée puisqu’il a été condamné à perpétuité !
Certes, « le pire n’est jamais sûr », mais dans cette atmosphère de croisade antiterroriste menée par Valls, Cazeneuve et Urvoas, tout reste possible. La décision prise le week-end dernier de supprimer la page Facebook de Jean-Marc, sans raisons ni explications, est un signe évident de la volonté de l’isoler un peu plus, cela alors que le contrôle judiciaire auquel il est soumis lui interdit déjà de se rendre dans la plupart des grandes villes et départements frontaliers.
Pour rompre cet isolement et organiser la riposte, le collectif « Ne laissons pas faire » qui pendant de nombreuses années avait mené des campagnes contre l’isolement carcéral auquel étaient soumis les prisonnierEs d’Action directe, et en faveur de leur libération, a décidé de reprendre du service. Une nouvelle page Facebook rendra compte régulièrement des différentes initiatives prises pour élargir le soutien et la mobilisation. Enfin, la répression que subit Jean-Marc ne doit pas être isolée de celle à laquelle s’oppose le mouvement social depuis plusieurs mois. C’est aussi pourquoi NLPF portera dans toutes les réunions les initiatives de soutien à notre camarade.
Non, Jean-Marc Rouillan ne retournera pas en prison !
Alain Pojolat