On m'a menti. On a profité de mon enfance Pour me faire croire à des conneries.
Face à la fureur d’union sacrée qui a envahi la France depuis la demi-finale de la Coupe du monde de football, est-il encore possible de reprendre ces paroles d’une chanson de Maxime Le Forestier de 1973.
Ainsi, une nouvelle fois, à travers le sport et singulièrement le football, le pouvoir et les grands médias tentent de faire passer cette vieille idée de l’unité de tout un peuple derrière les valeurs d’effort, de don de soi, de solidarité qui seraient véhiculées par la pratique et l’idéologie sportives.
La bataille se mène sur deux fronts.
Le premier consiste à faire croire que les sports de compétition sont la seule façon d’avoir une activité physique assurant une bonne santé alors qu’ils sont avant tout porteurs de l’apologie de la discipline, de la souffrance, de l’héroïsme. Sans parler de la violence dans et autour des lieux de compétition, teintée de racisme et de sexisme, du dopage et des trafics d’hommes et de femmes, des magouilles de fric et autres tricheries.
Le deuxième est front est celui de l’unité de la nation. Longue et terrible serait la litanie des méfaits de l’utilisation du sport comme élément essentiel du ciment nationaliste, parfois fasciste. Les jeux Olympiques de Berlin, de Mexico, de Moscou, la Coupe du monde de foot en Italie, en Argentine, en Russie aujourd’hui, au Qatar demain, l’utilisation du sport dans les pays dits socialistes, etc., n’en sont que les exemples les plus emblématiques, les plus terrifiants. En France, de 1998 à 2018, ce sont toujours les mêmes tentatives pour faire croire à l’existence d’un peuple uni au-delà des couleurs de peau, des appartenances de classe.
Une « belle histoire » chaque jour anéantie par une politique anti-migrantE, anti-immigréEs, anti-Roms, islamophobe. Anéantie par une régression sociale tous azimuts et une répression rarement vue contre celles et ceux qui résistent à ces politiques.
Pour nous, la fête, le touTEs ensemble ne saurait s’accorder d’idéologies trompeuses, mortifères. Un autre monde fait de satisfaction des besoins humains, de sauvegarde de l’environnement, d'égalité entre les hommes et les femmes, du respect des orientations sexuelles, de solidarité est possible, est nécessaire, est urgent. Et nous le fêterons !
Robert Pelletier