Après 15 ans d’existence et pour la seconde fois en six mois, le Saint Sauveur, bastion de l’antifascisme parisien à Ménilmontant, est à nouveau la cible d’une fermeture administrative pour une durée de deux semaines. Conjuguée aux neuf jours imposés en janvier dernier par la préfecture, ainsi qu’aux trois mois d’interruption liés au contexte sanitaire, cette nouvelle sanction des pouvoirs publics vient menacer la pérennité de l’établissement et, à travers elle, celle de la vie alternative de notre arrondissement.
Depuis plusieurs années, l’ensemble des lieux de fête et d’échanges au sein desquels s’enracine la vie alternative de Ménilmontant est en effet l’objet d’une pression incessante et dévorante des pouvoirs publics. Le ballet continuel des patrouilles de police, la multiplication des convocations des gérants concernés au commissariat et à la mairie, ainsi que les continuelles visites des agents de la préfecture en constituent l’expression paroxystique ; les fermetures successives de la Miroiterie (2017), de La Féline (2018) et les progrès ininterrompus de la gentrification en sont le puissant révélateur.
Or au-delà de la fête, dont ils sont indéniablement le support, ces lieux de culture alternative incarnent également l’un des derniers espaces de liberté, d’activisme, de parole libre, de rencontres et d’échanges politiques (antiracisme, antifascisme, luttes féministes, etc.) dont nous déplorons la disparition. A travers le sort réservé au Saint-Sauveur et, plus généralement, à l’ensemble de ces lieux, c’est ainsi toute une fabrique du commun, une histoire (celle de notre quartier populaire et engagé), ainsi qu’un tissu social résolument tourné vers la mixité qui se trouvent menacés. C’est, en définitive, une atteinte insupportable à notre vivre ensemble qui est ici portée.
Pour l’ensemble de ces motifs, le Comité 20ème du NPA exprime sa plus sincère solidarité avec l’équipe du Saint Sauveur.