Publié le Dimanche 12 avril 2009 à 20h24.

Toyota en grève : « Ouvriers révoltés, c’est pas à nous de payer !»

« Plutôt crever que de payer les jours de chômage partiel à 100 % ! », voilà la phrase lancée par D. Leroy, PDG du site Toyota d’Onnaing, qui a mis le feu aux poudres.

« Plutôt crever que de payer les jours de chômage partiel à 100 % ! », voilà la phrase lancée par D. Leroy, PDG du site Toyota d’Onnaing, qui a mis le feu aux poudres.

Dans un contexte de plus en plus tendu avec la multiplication des jours chômés (une perte de 200 à 300 euros sur les payes), la demande faite par la direction de travailler gratuitement les vendredis d’avril et 3 samedis sans majoration a sonné comme une provocation supplémentaire. Assez pour déclencher la première grève que le site ait connue.

Depuis lundi 6 avril les travailleurs de Toyota sont en grève pour exiger le paiement à 100 % des jours de chômage imposés par la direction (contre 60 % du brut actuellement). A cette exigence initiale, les assemblées générales de grévistes ont rajouté le paiement des jours de grève, une prime immédiate de 1000 euros et une augmentation de 100 ou 200 euros nets mensuels.

L’entreprise d’Onnaing près de Valenciennes, qui agite l’épouvantail de la crise, a pourtant a largement les moyens de payer, elle qui a réalisé 80 millions de bénéfice en 2007, 82 millions en 2008 (soit plus de 25 000 euros de bénéfice extorqués à chaque salarié !). 311 grévistes actifs dans les ateliers lundi, 384 mardi, 452 mercredi et jeudi, la grève s’enracine, convainc les hésitants, entraîne de plus en plus d’ouvriers dans la lutte malgré les pressions et les intimidations de la direction.

Les manifestations sont quotidiennes. C’est aux cris de « Ouvriers révoltés, c’est pas à nous de payer ! », « Chômage partiel à 100 % ! » qu’ils défilent sous les fenêtres de la direction et dans l’usine. Le mouvement, soutenu par la CGT et FO, ne cesse de se renforcer, de s’organiser à la base avec la mise en place de comités de grève dans chaque équipe, comités comprenant 6 ouvriers-ères élus (en majorité des non-syndiqués), et l’édition quotidienne d’un « Journal de la Grève ». La participation importante des femmes à la grève est l’un des signes de la profondeur du mouvement.

Chaque jour, le mouvement se poursuit, se renforce et gagne en popularité. Déjà 600 ouvriers ont d’une manière ou d’une autre participé à tout ou partie du mouvement, en se mettant en grève la journée complète ou 1 quart ou 2. C’est déjà une victoire morale pour tous les salariés de l’entreprise en butte au mépris, au harcèlement et aux brimades quotidiennes de l’encadrement. L’un d’entre eux clamait très justement ce vendredi : « C’est la première fois que je suis fier de bosser à Toyota ! ». Reste l’étape suivante, à savoir que cette grève « devienne un mouvement de toute l’industrie automobile du pays » car, comme l’ajoute Eric Pecqueur, délégué CGT de Toyota, « C'est pas parce qu'on n'a pas les mêmes patrons qu'on n'a pas les mêmes intérêts ».

La solidarité s’organise. Vendredi 10 avril, ils étaient près de 500 (soit 1 salarié sur 5) à se rassembler devant l’usine pour faire entendre leur voix. Des travailleurs d’autres entreprises de l’automobile du secteur (Sevelnord, MCA, Simoldès, Mercedes, UMV, Faurecia…) mais aussi d’autres entreprises de la métallurgie, des travailleurs Belges de la FGTB, des enseignants, des cheminots et des militants du Collectif de lutte du Valenciennois étaient présents pour les soutenir.

L’écho qu’elle rencontre, notamment auprès des milliers de salariés des autres sites automobile du Valenciennois, montre que la grève des ouvriers de Toyota peut être contagieuse.