C’est la rencontre avec un militant du PCF à Nancy qui a convaincu Bernard de rejoindre notre courant, grâce à sa préoccupation internationaliste. Après mai 1968, il est la cheville ouvrière sur la ville du Cercle Rouge de Nancy puis la Ligue, avec Dominique Gerardin. Ses premières distributions de tracts pour le comité de soldats lui ont valu une filature des RG jusqu’à une fouille de son domicile, mais « les agents passeront l’après-midi assis par terre à découvrir sa collection de BD ».
Son implication militante oblige Bernard à quitter la Lorraine pour trouver un emploi. Il est hébergé par Jean-Michel Mansion et Marie-Madeleine Millaud qui lui parlent du concours pour intégrer la Sécurité sociale qu’il réussit, même s’il doit se battre, avec le soutien du syndicat CFDT, pour y être admis. Son passé militant en Lorraine le poursuit.
Bernard a été pendant les années 1980 le principal animateur de la branche dite « Sécu » de la LCR qui regroupait les camarades travaillant à la Sécurité sociale. Ils avaient été à l’initiative d’un collectif « SOS Sécu » pour se mobiliser contre les attaques. Il avait d’ailleurs rédigé une thèse. Bernard était aussi un militant syndical de terrain (CGT), ce qu’il n’a jamais cessé d’être. À la retraite, il continuait de participer activement aux réunions de son syndicat.
Au début des années 1990, pour des raisons politiques, les branches Sécu, Santé et Social de la LCR sont réunies. Bernard devient un infatigable animateur de la commission « Santé sécu social » de la Ligue, puis du NPA. Il en est, jusqu’à sa disparition, un des organisateurs quotidiens. Bernard a beaucoup contribué à mettre à jour et élaborer les positions de notre courant sur la Sécurité sociale. Excellent connaisseur de l’histoire de la Sécu, il savait en montrer les potentialités à défendre et développer et les limites et les régressions dues aux contre-réformes. Dans ses exposés, ses articles, les brochures auxquelles il contribua, il fit beaucoup pour que la cotisation sociale, élément socialisé du salaire, soit réellement prise en compte.
Malgré les crises traversées par notre organisation, Bernard s’est efforcé de maintenir une activité coordonnée des militantEs dans la santé, le social et à la Sécurité sociale en région parisienne et d’assurer la participation de la Ligue puis du NPA aux cadres de mobilisation unitaires comme Notre Santé en Danger ou du Réseau européen contre la marchandisation et la privatisation de la santé. Il était un fervent partisan de l’unité et du front unique.
Bernard était un constructeur exigeant et tenace. Nous perdons un camarade discret mais d’une grande rigueur qui savait dispenser son savoir, un ami d’une grande gentillesse et plein d’humour qui relatait durant des soirées conviviales avec sa compagne Laure, des histoires instructives sur notre courant politique, des grèves qu’il avait menées à la Sécu et les avanies du courant lambertiste.
Sa préoccupation ces dernières années était d’assurer la prise en main de notre commission par les générations plus jeunes, en leur transmettant de manière non dogmatique les acquis dont il était porteur. Un travail qu’il n’aura malheureusement pu achever mais que nous aurons à cœur de poursuivre en sa mémoire. Nos pensées, notre affection, notre soutien à Laure et sa famille.
Ses amiEs et camarades