Publié le Samedi 12 février 2011 à 22h03.

Deux ans après, le NPA déboussolé (l'Humanité du 11 février)

Le parti d’Olivier Besancenot 
a perdu un tiers de ses adhérents depuis 2009. 
Il aborde 
son deuxième congrès, qui s’ouvre aujourd’hui, 
dans une délicate ambiance.

L’enthousiasme avait alors enveloppé Leïla Chaibi, Yann Cochin et tant d’autres nouveaux adhérents du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). « C’était l’euphorie totale, la grosse patate », se remémore la jeune militante. « Il y avait un vrai engouement », souligne le syndicaliste. Et puis, progressivement, à mesure que se dessinait l’orientation inavouée de la direction, la déception s’installait. Au point d’entraîner le départ d’au moins un tiers, voire la moitié des effectifs. Au moment où s’ouvre son deuxième congrès, ce week-end, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), la formation d’Olivier Besancenot revendique 6 000 membres, dont 4 500 à jour de cotisation, sur 9 300 lors de sa création en février 2009.

Isolement critiqué

Les causes de la désaffection sont certes multiples, mais elles trouvent souvent leur origine dans la position « isolationniste » défendue bec et ongles lors des élections par la direction de cette organisation, qui a su, à sa naissance, séduire des jeunes, parfois novices de la politique. Elle a également pu conquérir des syndicalistes, comme « dans le secteur de l’énergie, où je travaille », assure Yann Cochin. « C’est du gâchis. Il y avait vraiment l’espoir d’un rajeunissement de la politique et d’un ancrage populaire », déplore-t-il.

C’est essentiellement ce corps militant, particulièrement attaché à l’union de « la gauche radicale », qui a, par vagues successives, déserté les rangs du NPA. Certains, tels Yann Cochin ou Leïla Chaibi, prendront leurs « responsabilités » à l’issue du congrès. D’autres, comme l’altermondialiste Raoul-Marc Jennar, sont partis sur la pointe des pieds. Ces départs ont forcément affaibli le courant « unitaire ». De 31,5 % au moment de la consultation interne sur les régionales, sa position en faveur d’une alliance avec le Front de gauche passe à 27,2 % à l’issue des assemblées locales préparant le congrès.

Direction minoritaire

La direction du NPA, si elle réalise un score supérieur (40,8 % au lieu de 36,5 %), demeure néanmoins minoritaire au sein du parti. « Nous n’avons pas encore trouvé le point d’équilibre entre la radicalité et l’unité », explique Pierre-François Grond. Proche d’Olivier Besancenot, il affirme que la position « relativement majoritaire » de la direction est de « défendre la nécessité d’un rassemblement politique, mais il y a une vraie difficulté à trouver des partenaires ». Un argument que rejette le courant unitaire : « La fondation du Parti de gauche puis celle du Front de gauche ont interpellé le NPA, or il n’a pas su comprendre le processus et l’apprécier à sa juste valeur, comme le début d’un rassemblement auquel on pouvait participer, qu’on pouvait renforcer », regrette Danielle Obono. Elle note que « le parti reste divisé ».

Nullement inquiet, Pierre-François Grond sait qu’« il y aura une majorité » au sein du parti pour une candidature NPA au scrutin présidentiel, si le « test » de la « candidature de rassemblement » échoue d’ici juin. « Il n’y a qu’à faire les comptes », lance-t-il, le regard tourné vers le courant dit « identitaire », qui plaide ouvertement pour que le parti fasse cavalier seul à chaque élection. Avec cette tendance, dont la position a recueilli 28,2 %, la direction n’a affectivement aucun problème à présenter Olivier Besancenot en 2012, pour la troisième fois.

Mina Kaci