Publié le Mercredi 14 septembre 2011 à 21h51.

Hommage. Jean Robert Velveth, dit Archie

Tu nous as quittés lundi 5 septembre, laissant un grand vide derrière toi. Tu te définissais comme communiste, libertaire et écolo. Dans les années 1960, tu as d’abord été communiste. Tu t’es investi à fond dans le Parti communiste car tu pensais alors, comme beaucoup à l’époque, que c’était le meilleur outil de lutte contre les injustices. Et puis tu as été exclu du PCF pour anti-stalinisme. Cela avait été rude, comme pour tous les exclus, mais tu en étais fier, car tu avais la démocratie chevillée au corps. Dans un billet sur Mediapart du 15 janvier 2009, pour l’anniversaire de l’assassinat de Rosa Luxemburg, tu citais ses propos ô combien justes : « La liberté seulement pour les partisans du gouvernement, pour les membres d’un parti, aussi nombreux soient-ils, ce n’est pas la liberté. La liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement ». Cette expérience du stalinisme avait renforcé en toi ce côté rebelle, anticonformiste que tu résumais en t’affirmant libertaire. C’est ce qui explique sans doute ta passion pour Léo Ferré qui te ressemble par bien des aspects, notamment ta capacité à pousser des coups de gueule quand tu n’étais pas content, ta fidélité à tes convictions politiques, ton talent pour l’écriture et ta passion pour la musique. Et puis tu étais aussi un écologiste de la première heure. Tu le rappelais dans un échange récent : « Dès les seventies, j’étais écolo, communiste libertaire. J’étais à Plogoff, au Larzac et à Creys Malville. J’y ai perdu un camarade et ami ». Tu as connu très tôt la Ligue communiste, puis la LCR, même si tu ne l’as rejointe qu’après la grande grève de 1995. Comme tu le disais toi-même : « Je ne remercierai jamais assez les staliniens de m’avoir permis de découvrir, du fait de mon exclusion, ce qu’était alors la Ligue communiste, dissoute en 1973 ». Tu avais assumé les relations de la LCR avec la presse entre 1998 et 2003, accompagnant Olivier Besancenot sur les plateaux de télévisions et participant aux réunions de la direction nationale. C’était pour toi une grande satisfaction car ta passion pour l’art de la communication pouvait se mettre au service de tes convictions. Tu as rejoint le NPA au moment de sa fondation en février 2009 et sur ton fameux blog de Mediapart, « Noir, Rouge, Vert ! » tu présentais quotidiennement ton point de vue sur la situation politique et passais des journées entières à ferrailler avec tes contradicteurs. Tu détestais cette « gauche de gouvernement » qui « confond si souvent le cambouis et le pot de confiture ». Mais tu détestais aussi cette incapacité de la gauche de la gauche à s’unir. Le 14 novembre 2009, tu écrivais sur Mediapart : « Il n’y a pas de plus grande nécessité que de réussir le rassemblement d’une gauche offrant une alternative de transformation sociale et écologique… mais, la politique de Sarkozy ne sera pas mise en échec si on ne sort pas des politiques néolibérales qui ont dominé à gauche jusqu’à présent ». C’est ce qui t’avait amené tout récemment à prendre tes distances avec le NPA, comme toujours avec fracas, car tu ne faisais jamais les choses à moitié. Mais tu étais resté très proche du NPA. D’ailleurs, beaucoup de lecteurs de Mediapart se refusaient à croire à ton départ. Archie, le moustachu-velours, comme quelqu’un t’a appelé, le Velveth qui ne peut pas devenir underground pour un autre, l’heure est venue de prendre congé.Comme le disait un lecteur de Mediapart, Ben Bouktache, qui te rendait hommage : « Ne pleure pas de l’avoir perdu, réjouis-toi de l’avoir connu ».

Jean Sanuk