Article de Sud-Ouest. C'est sous un soleil de plomb et au son d'une triste « Internationale » qu'Ignace Garay a dirigé, hier après-midi, sa dernière manif. Une manifestation dont l'objet n'était pas une lutte dont il aurait pu être l'inspirateur mais un hommage, pour lui seul. Pour lui qui se sera tant battu pour les autres. Il aura fallu un coup du sort, un accident de la route vendredi après-midi, pour rendre grâce à cet inépuisable trotskiste qui avait fait de la lutte des classes le combat de sa vie, et dont le cœur palpitait et grondait à chaque fois qu'il était fait offense à l'usine de Fumel et à ses métallos.
« Un copain formidable »Et ceux-là savent combien, depuis plus de vingt ans, les fronts furent nombreux et que les hauts et gris murs de l'usine ne purent la protéger non sans l'appui d'hommes comme Ignace Garay. Jean-Louis Cavaillé, avec lequel il forma un duo durant près de quarante ans au sein de la CGT de l'usine, en sait quelque chose. « Sans lui, et je peux vous le certifier, l'usine de Fumel aurait été rayée de la carte il y a déjà vingt-cinq ans », a-t-il déclaré, la gorge nouée par l'émotion, sur la tribune du centre culturel de Fumel devant une salle archi-comble dont la jauge de 680 personnes avait explosé en absorbant le cortège qui avait suivi le corbillard d'Ignace Garay tout le long de l'avenue de l'usine. Toute la famille anticapitaliste, Philippe Poutou en tête, était là. La famille cégétiste également, mais aussi ceux qui estimaient l'homme au-delà des clivages idéologiques. Il s'agissait de saluer « un authentique communiste révolutionnaire », « un copain formidable ». Et de lui dire : « Hasta siempre, Ignaki ».
Bastien Souperbie