Publié le Dimanche 8 février 2009 à 12h28.

Le Nouveau Parti anticapitaliste veut incarner "une gauche qui résiste (Le Monde)"

Dans la salle d'Eurosites (Saint-Denis), où s'est ouvert le congrès fondateur du Nouveau Parti anticapitaliste, le décor a peu changé. La veille, jeudi 5 février, les militants de la LCR ont voté leur dissolution.

Vendredi, les casquettes et keffiehs ont remplacé les crânes dégarnis et les tignasses grises. Et aux quelque 150 délégués de la LCR ont succédé les 630 du NPA. A l'écran, les affiches rétro de la Ligue communiste proclamant "seul le combat paiera" alternent avec celles du NPA, plus sobres, où s'inscrivent les slogans de Che Guevara : "Il faut s'endurcir mais ne jamais se départir de sa tendresse." Pour les amis d'Olivier Besancenot, décidément, "le fond de l'air est rouge". Presque autant qu'en 1968.

Le leader du NPA s'est fait un plaisir de le rappeler dans son discours d'ouverture. "La multitude des mouvements sociaux pour les salaires ou contre les licenciements appelle des suites. Il faudra un nouveau Mai 68 pour stopper la politique du gouvernement actuel", a lancé M. Besancenot devant une salle chauffée. "Hier soir, Sarkozy a dit qu'il ne s'arrêterait pas. Il va donc continuer une politique libérale, brutale, injuste, qui va alimenter la crise", a assuré le porte-parole. Face à cette "offensive qui dure", M. Besancenot a exhorté les syndicats et les partis de gauche à organiser de nouvelles manifestations "dans la perspective de gagner". "Pendant 90 minutes, on a obtenu 90 bonnes raisons supplémentaires de se mobiliser", a-t-il insisté, pour qui "n'importe quelle petite goutte d'eau peut faire déborder le vase".

Pour l'aider, il y aura le NPA et ses 9 123 adhérents revendiqués, "une gauche peut-être minoritaire mais qui résiste", a-t-il promis. Alors que le PCF avait distribué un tract aux congressistes les exhortant à se joindre au "Front de gauche" qu'il propose avec le Parti de gauche pour les Européennes, M. Besancenot a répliqué : "Nous ne sommes pas une boutique électoraliste, pas un parti institutionnel, mais un parti de militants."

Il s'agit encore et toujours de marquer la différence entre la "vraie gauche" et la gauche institutionnelle. "Nous sommes le produit des résistances sociales", a ajouté M. Besancenot. Si le NPA "ne boudera pas les élections européennes", il y partira probablement en solo. Le congrès devait voter, samedi, un texte qui appelle à une liste unitaire avec tous ceux "qui se réclament de l'anticapitalisme" mais pose ses conditions : un accord "durable", "qui ne se limite pas aux élections européennes mais s'étende aux élections régionales", "toujours dans l'indépendance vis-à-vis du PS". Le texte répète l'incompatibilité du NPA avec un parti qui "par son programme et sa pratique (...) a renoncé à toute transformation sociale".

Une minorité des délégués – 25 % des votants – a beau avoir souhaité que le NPA rejoigne le "front de gauche", ils ne devraient pas être suivis. Car ces alliés-là sont soupçonnés de lorgner vers des accords futurs avec les socialistes. "Le PCF et Mélenchon ne changeront pas : ils sont des partis de gouvernement et vont faire des alliances avec le PS", justifie François Sabado, un des anciens dirigeants de la LCR. "Ils trouveront toujours des prétextes pour refuser l'alliance. Mais ça va leur nuire, car nombreux sont ceux qui aspirent à revivre les moments d'unité de la campagne du non" au projet de traité constitutionnel européen, prévient Christian Picquet, ancien animateur de la minorité.

Sylvia Zappi