Publié le Samedi 12 février 2011 à 19h17.

Le NPA a perdu plus de 4 000 adhérents depuis sa création, en février 2009 (Le Monde du 12 février)

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Ce devait être un "moment de consolidation". Le congrès du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) est surtout celui des bilans amers. La déception est perceptible dans les travées du premier congrès réuni les vendredi 11, samedi 12 et dimanche 13 février à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le parti qu'Olivier Besancenot, au plus fort de sa popularité, avait lancé voici deux ans est pris de doutes et traversé de tensions.

On savait que depuis les échecs successifs aux élections européennes de 2009 (4,9 %) puis régionales de 2010 (2,4 %), de nombreux nouveaux adhérents avaient quitté l'organisation. Les chiffres réels sont tombés, jeudi 10 : l'organisation a perdu plus de 4 000 adhérents depuis février 2009. Pis, dans un parti très militant, les congrès n'ont rassemblé que 3 500 votants. L'organisation a donc perdu près de la moitié de ses effectifs quand elle s'annonçait comme le "parti des 10 000" quelques mois après sa fondation.

L'hémorragie n'est pas niée. "On a connu une sacrée déperdition", reconnaît Pierre-François Grond, numéro deux du NPA, qui admet que les effectifs représentent deux à deux fois et demi ce qu'étaient ceux de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) avant sa dissolution. "Au moment du lancement, on avait aspiré beaucoup de monde. Une partie n'a pas trouvé sa place", note Guillaume Liegard, trésorier. Le modèle se voulait ouvert aux nouvelles formes de militantisme, accueillant pour des militants peu politisés et surtout attractif à l'égard de franges de la gauche radicale. "On n'a pas su renouveler nos manières de débattre", admet encore M. Liegard.

Les erreurs ne sont pas que formelles. Le projet politique maintes fois répété - rassembler la gauche anticapitaliste sur un programme rénové d'extrême gauche mais en rupture avec la gauche traditionnelle - a douché l'espoir de cette nouvelle génération politique qui a cru en Olivier Besancenot. Les militants adhéraient à l'ouverture proclamée. Ils n'ont pas compris le refus de toute discussion avec le Front de gauche du PCF et du Parti de gauche lors des élections européennes et régionales. "Pour une partie, il y a eu tromperie. Dès la première échéance électorale, on s'est repliés", affirme Monique Migneau, membre minoritaire de la direction.

La présentation d'une candidate portant le foulard sur la liste aux régionales dans le Vaucluse a aussi secoué les rangs. Beaucoup n'ont pas accepté que l'organisation, jusqu'alors toujours porteuse d'une laïcité et d'un féminisme militants, se fasse représenter par une candidate affichant ses convictions religieuses. "De gros départs ont eu lieu après", souligne M. Grond. Le congrès devrait encore voir partir quelques figures qui avaient rejoint le NPA, comme Leila Chadli, animatrice du collectif L'appel et la pioche, ou le syndicaliste Yann Cochin.

La direction fait le gros dos. Elle est affaiblie en interne, avec une majorité difficile à trouver et une contestation de la centralisation des décisions. Elle jure cependant que le "ressac" est derrière elle. Le NPA est désormais présenté comme "le premier pas" du regroupement anticapitaliste souhaité. Olivier Besancenot devrait lancer un appel public pour une "candidature de rassemblement anticapitaliste" visant à attirer des personnalités du mouvement social.

L'initiative ressemble à un écran de fumée dans l'attente de la conférence nationale de juin, qui devrait le désigner comme le candidat du NPA pour 2012. L'organisation compte sur la popularité de son porte-parole pour remobiliser autour d'elle. "On a été ramenés à ce qu'on pèse réellement mais on est planté dans le décor", insiste M. Besancenot qui, dans une pirouette, cite NTM : "On est encore là."

Sylvia Zappi