Les décrets d’application de « la loi d’adaptation de la société au vieillissement de la société » sont entrés en vigueur. Le gouvernement Hollande avait annoncé « des mesures concrètes pour améliorer le quotidien des personnes âgées et de leurs proches et un financement ambitieux et responsable ». En réalité, il a mis en œuvre des dispositions qui ont aggravé les conditions de vie des résidentEs et des salariéEs en imposant des budgets réduits.
Auparavant chaque EHPAD public négociait son budget en fonction de ses particularités : profil des résidentEs, pathologies traitées, spécificités (par exemple nombre important de patientEs souffrant de la maladie d’Alzheimer). Le montant des dotations était déjà insuffisant mais sa répartition tenait compte des besoins de chaque EHPAD.
Dorénavant le budget dépendance et soins est forfaitaire et ne tient pas compte des particularités des établissements. Cette réforme tarifaire a pour conséquence une baisse de 200 millions d’euros, en 2017, des dotations annuelles attribuées aux maisons de retraite médicalisées publiques. Cette réforme favorise grandement les EHPAD privés commerciaux, tandis que les établissements publics ou associatifs se voient privés d’une part importante de leurs ressources.
« Capacité managériale »
Certaines associations de directeurs d’EHPAD soutiennent la grève du 30 janvier, car les pouvoirs publics leur imposent la lourde tâche d’« équilibrer les budgets ». Le gouvernement Macron adhère totalement à cette loi, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, allant jusqu’à dénoncer les établissements publics et leurs directeurs. En visite à l’EHPAD de Vienne en décembre 2017, elle déclarait ainsi selon la presse que « tout n’est pas qu’une question financière. Nous ferions une erreur de réduire uniquement le problème des EHPAD à un problème de tarification. Il y a des directeurs qui managent remarquablement leurs équipes […]. À l’inverse, dans certaines structures, notamment publiques, on sent que la capacité managériale n’est pas au rendez-vous ».
Les réductions budgétaires auront pour conséquence la disparition de plusieurs milliers d’emplois, à laquelle s’ajoutera la suppression des emplois aidés qui permettaient aux établissements de fonctionner. Ils ne seront bien sûr pas remplacés par des emplois pérennes. La souffrance du personnel, la dégradation des conditions de vie des patientEs va donc encore s’aggraver.