Les enseignements du premier tour des élections législatives sont dans la continuité de la présidentielle. Le total de la gauche et de l’extrême gauche se situe à un niveau élevé, 47,75 % comparativement aux élections législatives de 2002 (39,95 %) et de 2007 (38,97 %).
La logique du système présidentiel a joué une nouvelle fois, le choix politique se faisant au travers du vote pour donner à un François Hollande fraîchement élu une majorité parlementaire. Une bonne partie des électeurs juge alors inutile de se déplacer une seconde fois et l’abstention est importante.Néanmoins, la droite résiste face à la vaguelette rose et, plus inquiétant encore, l’ancrage du Front national est confirmé.
Le programme de François Hollande se trouve donc conforté dans cette période de crise économique, le vote pour les socialistes confirmant l’élan du 6 mai dernier pour se débarrasser d’une droite brutale et antipopulaire. Les premières mesures, aussi limitées soient-elles, ont paru volontairement corriger – même à la marge – les excès politiques et sociaux du sarkozysme.
Le score du Front national à 14 % sur tout le territoire avec des pointes inquiétantes assurant le succès de ses leaders, est tout à la fois le résultat de la crise de la droite, qui après sa défaite peine à retrouver une stratégie, et des effets ravageurs de la crise économique dans les zones ouvrières et populaires.La circonscription d’Hénin-Beaumont, où – il faut le rappeler – l’UMP ne présentait pas de candidat, était de ce point de vue emblématique de la course de vitesse engagée entre la solution raciste, réactionnaire et fascisante de Marine Le Pen et l’alternative de gauche radicale, proposant des solutions contre l’austérité, sur une orientation de solidarité et d’unité de Jean-Luc Mélenchon. Une dynamique unitaire de toutes les forces à gauche de la gauche autour du Front de Gauche aurait permis à Mélenchon de passer devant son adversaire socialiste (23 % contre 21,4 %) et de poursuivre le combat contre le Front national, en faisant son entrée au Parlement.
En dépit de la poursuite du déclin de certains bastions du PCF, le Front de Gauche a résisté dans de nombreuses circonscriptions avec une moyenne nationale à 7 %, inférieure à celle de la présidentielle mais au-dessus de son score de 2007. La dynamique devra s’amplifier et se déployer sur le terrain social et politique dans les mois qui viennent face à une politique socialiste qui montrera rapidement son vrai visage de soumission aux diktats européens imposant l’austérité aux peuples.
L’extrême gauche est laminée. Le NPA, LO, comme la quasi-totalité des candidatures à la gauche du Front de Gauche se situent en deçà de 1 % des voix, soit trois fois moins qu’en 2007, résultat d’une marginalisation déjà enregistrée lors de la présidentielle. Il faut regarder cette réalité en face : stop ou encore ?
Le Front national est bien placé en embuscade pour profiter du discrédit des partis de gestion du système. Mais rien n’est joué. La situation peut aussi profiter à la gauche radicale. Le NPA seul ne fait pas et ne fera pas le poids. Il doit jouer la carte de l’unité durable. Dès lors que l’hypothèque de la participation et du soutien à un gouvernement dominé par le PS marqué du sceau de l’austérité est levée, que le combat à tous les niveaux, dans la rue et au Parlement, contre les mesures qui marquent une telle politique est engagé, alors il n’y a plus d’obstacle à ce que se rassemblent toutes les forces qui agissent en ce sens. Compte tenu des rapports de force actuels, cette coalition des forces de la transformation sociale et écologique ne peut prendre que la forme d’un élargissement du Front de Gauche.
Tel est le choix lucide que doit faire la Conférence nationale du NPA les 7 et 8 juillet prochains.