Ne boudons pas notre plaisir. La défaite de Sarkozy est une très bonne nouvelle. Pour qui en doute, il faut juste imaginer la situation si l’offensive sans précédent contre les acquis sociaux et l’environnement s’était soldée par une réélection du président des riches.
La victoire de Hollande n’a pas pour autant le parfum du 10 mai 1981. Il y manque un élément décisif, l’espoir d’un véritable changement.
Le nouveau président Hollande a indiqué qu’en votant pour lui, les électrices et électeurs avaient tourné la page de l’austérité. À la lecture du programme énoncé lors de sa campagne tout indique pourtant l’inverse. La crise du système capitaliste ne laisse guère de place entre l’austérité et la rupture. Franchement, qui peut sincèrement croire que Hollande est prêt à en appeler aux masses pour imposer aux possédants et aux banquiers des mesures radicales basées sur la répartition des richesses ?
Alors il faut préparer l’alternative anticapitaliste. Celle-ci passe par la mobilisation des masses pour résister et imposer des revendications favorables à la majorité de la population. Il faut aussi une force politique offensive, défendant bec et ongles un programme 100 % à gauche.
Le maître mot de la période à venir, c’est le rassemblement de toutes celles et ceux qui refusent de se soumettre aux diktats de la finance. Enregistrant un nouveau succès électoral et adossé à une dynamique militante et populaire, le Front de Gauche s’est installé dans le paysage politique. On peut en souligner les limites ou les contradictions, mais c’est bien lui, plus que le NPA, qui suscite les espoirs des anticapitalistes. Tout débat d’orientation qui nie cette réalité risque fort de déboucher sur des décisions erronées. Réunie le week-end prochain, la direction du NPA doit prendre toute la mesure de la situation, tourner le dos à la tentation du bunker, réorienter.
La situation politique actuelle est inédite. La purge du capitalisme compte ses victimes par millions. Phénomène européen, la défiance à l’encontre des partis de gouvernement, qui sous une forme ou une autre mettent en œuvre des politiques d’austérité, est puissant. Cela ouvre des brèches pour les solutions autoritaires et pour l’extrême droite. Cela peut aussi profiter à la gauche radicale. La condition sine qua non, c’est qu’elle se rassemble. Elle peut et doit le faire sur un programme de mesures d’urgence qui s’attaque aux puissants, protège la majorité de la population, ouvre la voie à la transition écologique.
À l’heure où ces lignes sont écrites, la situation que connaît la Grèce est très instructive. Assommé, écœuré et révolté par la succession de plans d’austérité drastiques, le peuple grec a prolongé dans les urnes la colère qu’il exprime dans la rue. Les partis « austéritaires » de droite, de « gauche » ou d’extrême droite1 se sont écroulés. La coalition Syriza (gauche radicale) a réalisé une percée sans précédent en devenant la seconde force politique du pays sur le terrain électoral. Tout va très vite. La droite vient de reconnaître son incapacité à former un gouvernement. Conformément à la loi, c’est maintenant au tour de la seconde force, Syriza, de tenter de réunir une coalition avec toute la gauche qui refuse les plans d’austérité2, avec l’appui des syndicats et du mouvement social.
Syriza a toute notre solidarité. Le meilleur service à lui rendre est de jouer en France la carte de l’unité de la gauche radicale. Choisir de faire front, ce n’est perdre ni son âme ni son indépendance. C’est chercher à être utile, tout simplement.www.gauche.anticapitaliste.org1. Le Laos, parti d’extrême droite qui a participé au gouvernement s’est effondré à moins de 3 %, favorisant la percée d’un parti carrément néonazi, l’Aube dorée, qui a tout de même obtenu près de 7 %.2. Le PC grec (KKE), néostalinien et très sectaire a obtenu 8,47 %. La Gauche démocratique (issue de Syriza) 6,10 %. Les Verts 2,93 %. Antarsya (extrême-gauche) 1,15 %.