J’ai connu Jean au début des années 1970, où il avait participé à l’aventure d’ETA VI, – VIe assemblée – de son combat contre le franquisme, de sa lutte pour les droits du peuple basque. Il allait participer à l’évolution de cette même ETA VI, comme on l’appelait, qui allait conjuguer son histoire nationaliste avec les positions internationalistes du socialisme révolutionnaire, rejoindre la ive Internationale et les ligues communistes révolutionnaires des deux côtés des Pyrénées.
Jean était de ce côté-là du pays basque, un militant tout dévoué au soutien, à l’aide, à la solidarité à la lutte de ses camarades d’Euzkadi Sud. Dans ces années-là, il a donné de sa personne en prenant des risques nécessaires, contre la dictature franquiste.
Il allait durant ces presque 40 années militer à la LCR, être un de ses principaux animateurs. Il a été de toutes ses activités, de toutes les mobilisations de la gauche radicale au Pays basque. Malgré les hauts et les bas de l’action militante, Jean est resté un des « Basques français » qui, provenant d’ETA VI, nous avait rejoints.
Nous nous sommes retrouvés à la fin des années 1990, lors de la remontée politique de la Ligue. Martine était là. Martine et Jean. Jean et Martine. Ils allaient reconstruire la Ligue au Pays basque. Cela a commencé par des réunions publiques à Bayonne, à Pau pour des élections européennes. Puis, pour mener les campagnes présidentielles d’Olivier Besancenot, les meetings, les conférences de presse, les contacts avec les uns et les autres n’ont cessé de se développer. Avec tous les camarades du Pays basque, c’est un énorme boulot qui a été abattu, notamment dans cette course à la recherche des signatures de maires pour présenter Olivier à la présidentielle. Connu de dizaines de maires du Pays basque, Jean a même battu des records dans le recueil des signatures.
Jean était un militant. Il a incarné la continuité de la Ligue au Pays basque.
Jean portait, aussi, une attention particulière aux jeunes générations, aux activités de formation. Il suivait tel ou tel jeune militant, essayant de transmettre, cherchant toujours celles et ceux qui allaient continuer la lutte. L’héritage théorique et historique du marxisme révolutionnaire était, pour lui, une des clés fondamentales pour comprendre le monde mais Jean était toujours curieux des débats, des évolutions politiques du mouvement ouvrier et du monde. Il insistait particulièrement ces dernières années sur l’importance de l’écologie dans la redéfinition d’une perspective socialiste démocratique. Jean était profondément internationaliste
et le choix des chants révolutionnaires de cette cérémonie le démontre. Il était intéressé par toutes les expériences progressistes dans le monde, me demandant à chacune de nos rencontres des nouvelles de la IVe Internationale.
Bien qu’internationaliste, l’action de Jean ne peut être séparée du combat du peuple basque pour ses droits nationaux. Pour nous, Jean, c’était le Pays basque, son histoire, sa géographie, sa culture, et s’il avait rompu avec les conceptions nationalistes, il a gardé toute sa vie un lien vivant, charnel avec son pays.
Preuve de cette vision du monde, son dernier combat, l’écriture d’un livre sur l’histoire des débats dans le mouvement nationaliste basque. Un ouvrage où Jean reprend l’histoire du mouvement nationaliste, de Sabino Arana, fondateur de la lutte basque, du PNV, des ETA, et avance les perspectives d’un combat pour les droits nationaux lié à une perspective socialiste internationaliste.
Tu vas nous manquer. Salut Jean.
François Sabado