Une vague de chaleur frappe depuis le mois de mars une grande partie de l’Inde et du Pakistan. Après une accalmie début mai, elle repart avec des températures pouvant atteindre 50 °C. Plus d’un milliard de personnes sont concernées. La chaleur combinée à des niveaux élevés d’humidité menace la survie des personnes se trouvant à l’extérieur pendant une période prolongée. « Cette vague de chaleur teste les limites de la capacité de survie humaine », prévient Chandhi Singh, une des autrices du GIEC.
L’Inde a enregistré son mois de mars le plus chaud depuis 122 ans (+ 44 °C). L’indice de température du « thermomètre mouillé », indice variable selon l’endroit habité, utilisé pour estimer les effets de la température, du rayonnement solaire et de l’humidité, avoisine 30 °Tw, proche du seuil de létalité (35 °Tw). La chaleur mêlée à l’humidité, en entravant la sudation, la transpiration, empêche le corps de se refroidir. Un risque identifié par les experts du climat qui commence à se matérialiser.
Le Pakistan brûle
« C’est comme un feu qui brûle tout autour », a commenté Shafi Mohammad, un ouvrier agricole d’un village proche de Jacobabad, au Pakistan, où la température a atteint 50 °C1. Le Pakistan est frappé depuis 2015 par les canicules, en particulier dans les provinces du Sindh et du Pendjab. Leur intensité, leur durée et leur fréquence augmentent. 39 % de la population travaille dans le secteur agricole (18,5 % du PIB), secteur parmi les plus touchés par la sécheresse et la canicule. Le débit du fleuve Indus a été réduit de 65 % cette année « en raison du manque de pluies et de neige », selon le porte-parole du département de l’irrigation dans le Pendjab, Adnan Hassan2. Son bassin procure 90 % de l’alimentation en eau du Pakistan, selon l’ONU. Il ajoute : « Il y a un vrai risque de pénurie de nourriture et de récoltes cette année dans le pays, si ce manque d’eau doit persister. »
Impacts sur l’économie
En Inde, en raison de la sécheresse et du manque d’eau, le gouvernement a décidé de suspendre ses exportations de blé pour sécuriser les stocks en vue des mauvaises récoltes à venir, décision qui aura des conséquences sur la sécurité alimentaire mondiale. Plus de 50 % de la population travaille dans le secteur agricole (23 % du PIB).
De plus, l’exceptionnelle chaleur a fait grimper la demande en climatisation : les centrales électriques ont manqué de charbon. Plusieurs villes ont subi jusqu’à huit heures de coupure de courant par jour, tandis que des zones rurales enregistraient des délestages pendant la moitié de la journée. N’oublions pas que « la crise climatique actuelle n’est pas due à l’industrialisation de l’Inde mais à l’industrialisation occidentale de ces 15 dernières années », comme le rappelle Harjeet Singh, expert du climat qui milite pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles. D’où les indispensables mesures de justice climatique pour les pays du sud.
Les oiseaux tombent du ciel
La chaleur extrême pèse aussi sur les oiseaux qui tombent du ciel en très grand nombre, épuisés et déshydratés. Aucun répit n’est attendu avant le mois de juillet. Un exemple parmi d’autres des menaces contre la biodiversité.
Ailleurs aussi ça brûle
Le 14 mai, le Mexique a enregistré des températures de 48 °C dans l’État de Chihuahua. Tout le sud-ouest des États-Unis, de la Californie à l’Arizona, du Texas au nord du Mexique, est touché par la chaleur intense. Le Moyen-Orient aussi avec 46,2 °C en Égypte, 46,7 °C en Arabie saoudite.