La COP21 va s’ouvrir dans un mois. Cette 21e conférence des Nations unies sur le changement climatique n’est pas, contrairement à ce qu’on nous répète, une négociation pour limiter le réchauffement climatique et ses conséquences...
Ce n’est pas une négociation parce qu’il ne s’agit que d’enregistrer les déclarations de prévision de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les « contributions prévues déterminées au niveau national » (INDC en anglais) ne sont en rien des engagements, mais, comme leur nom l’indique, des contributions déterminées et annoncées par chaque pays, sans discussion possible ni prévue, sans mécanisme de révision ni rétorsion en cas de non-respect.
Simples annonces donc, elles sont déjà très insuffisantes. La sommes des « promesses », si elles étaient tenues, aboutiraient à un réchauffement moyen autour de 3 °C dans le meilleur des cas. On est loin des 2 °C officiellement visés, et plus encore des 1,5 °C qui seraient nécessaires, en particulier pour les populations les plus vulnérables confrontées pour certaines à la montée des océans et aux inondations, pour d’autres aux terribles sécheresses et aux famines qui les accompagnent, et pour toutes à des conséquences dramatiques sur leur santé et leur vie.
La COP21 n’aboutira pas à limiter le réchauffement, elle ne prendra même pas la peine de limiter ses conséquences en soutenant les pays et les populations les plus démunis, ou en reconnaissant un véritable statut de réfugiés pour les victimes climatiques. Rien de tout cela n’est au programme.
Les 2 °C, ils s’en moquent !
Prendre au sérieux cette limite imposerait de laisser sous terre les 4/5 des réserves connues de charbon, gaz et pétrole. Or les énergies fossiles ne sont même pas mentionnées dans le projet d’accord.
Pire, le 21 septembre dernier, Ségolène Royal et Emmanuel Macron ont accordé trois nouveaux permis de recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux – Champfolie (Seine-et-Marne), Herbsheim (Bas-Rhin) et Estheria (Marne) – et ils ont décidé d’en prolonger deux autres jusqu’à fin 2018 – Bleue Lorraine (Moselle) et Juan de Nova (« les terres australes et antarctiques françaises »). Ces permis de recherche visent officiellement des pétrole et gaz conventionnels, mais également non conventionnels, cela malgré la loi d’interdiction de la fracturation hydraulique ! Et Manuel Valls d’annoncer le début des travaux de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Les actes valent plus que tous les discours...
Le sommet des affaires et du crime climatique !
La COP21 est inutile pour le climat... mais pas inutile pour tout le monde ! Ce n’est pas une conférence pour le climat, c’est une concentration des plus grands pollueurs. À voir les vautours capitalistes qui s’agitent autour, on comprend qu’il y ont beaucoup à gagner. Toutes les fausses solutions, pire que le mal, sont taillées sur mesure par et pour les intérêts des groupes industriels et financiers : géo-ingénierie, agrocarburants, capture-séquestration baptisée « charbon propre »... et même le nucléaire !
La formulation « émissions nettes zéro » retenue par le projet de texte encourage la compensation carbone à une échelle globale et massive, cela au lieu d’exiger des réductions d’émissions réelles. Cette compensation pourrait mobiliser des milliards d’hectares de forêts et de terres arables pour stocker le carbone issu des émissions de gaz à effet de serre qui ne seraient pas éliminées.
Excluant les communautés de leurs forêts considérées comme puits de carbone, le système REDD (réduction des émission liées à la déforestation et à la dégradations des forêts) s’apparente dans bien des cas à un véritable colonialisme du carbone. Les capitalistes font ainsi coup double : continuer le plus longtemps possible à faire du profit avec les énergies fossiles, et étendre toujours plus la logique de marché à tous les cycles et fonctions de la planète dans lequel ils peuvent s’insinuer.