Toute société a besoin d’énergie pour fonctionner : pour tous les gestes de la vie quotidienne, pour les conditions et les possibilités du travail … C’est une des bases matérielles de notre existence, de nos luttes. Indispensable, sa production depuis la révolution industrielle est en grande partie responsable du changement climatique : une contradiction sans issue tant que l’énergie est soumise à la loi du profit.
Les mesures immédiates pour répondre à l’urgence sociale et à l’urgence climatique existent : sortie du traité sur la charte de l’énergie (TCE), taxation des profits, prise en charge de l’amélioration de l’efficacité énergétique (bâtiments, industrie…), rénovation et isolation des habitations, développement des transports en commun, innovations urbaines et développement raisonné des énergies renouvelables.
Sur le fond, nous savons qu’aucun compromis n’est possible entre le capitalisme et la survie de l’espèce humaine. Il n’ y a pas de miracle technologique qui permettrait de sortir de cette contradiction : sauver le système ou le climat.
À long terme, notre réflexion sur ce que sera la production d’énergie dans une société écosocialiste est contrainte par deux limites :
– un impératif : pour préserver l’environnement il faut sortir des fossiles (pétrole, gaz, charbon…) et gérer les conséquences sur l’emploi ;
– un choix : le refus du nucléaire civil et militaire, à cause des risques sanitaires et écocidaires (les déchets à long terme, l’accident majeur à court terme)… sans parler de son incapacité à répondre à l’urgence climatique (le risque nucléaire ne protège pas du risque climatique).
Cette double contrainte — ni fossile ni nucléaire — est lourde de conséquences quant aux solutions à apporter. Le recours aux énergies renouvelables ne suffira pas à répondre aux besoins énergétiques, s’ils ne sont pas modifiés en profondeur. La société devra rompre avec la logique productiviste-extractiviste qui est l’ADN du capitalisme, et créer les conditions d’une démocratie radicale : les producteurEs-usagerEs s’informent, discutent, arbitrent, deviennent acteurs des décisions qui pèsent sur la vie de chacunE.
Comme dans d’autres secteurs stratégiques, l’expropriation et le contrôle des travailleurEs sur le secteur de l’énergie devra être une priorité, condition nécessaire pour développer une politique énergétique alternative efficace et égalitaire, qui préserve la nature et la biodiversité.
C’est à ces conditions qu’on peut espérer maintenir une planète habitable pour toutes et tous — pour longtemps.