L’intervention militaire française en Libye a déjà commencé avec l’envoi des forces spéciales ayant pour mission le renseignement et l’identification des cibles pour les frappes aériennes futures.
Pour se conformer à la loi internationale, l’intervention militaire des Occidentaux en Libye doit être encadrée soit par une résolution de l’ONU, soit par une demande expresse du gouvernement libyen. Peu de chance que le Conseil de sécurité des Nations unies accepte une nouvelle intervention. En effet, Russes et Chinois ont toujours eu en travers de la gorge la transformation par les Occidentaux de la résolution 1973, autorisant des frappes aériennes pour protéger la population civile, en guerre ouverte contre Kadhafi.
Un gouvernement d’union nationale pour la guerre
Confronté à deux structures de pouvoir en Libye, les Nations unies tentent depuis plusieurs mois de mettre en place un gouvernement de consensus national regroupant l’autorité de Tripoli et celle de Tobrouk.
Le bilan de ces efforts reste vain. Aux deux gouvernements existants, les Nations unies viennent d’en rajouter un troisième... soutenu par personne. Et pour cause, puisque son premier objectif serait de demander aux occidentaux de bombarder le pays.
L’agenda des Occidentaux se concentre autour de la lutte contre Daesh, la sécurisation du sud du pays mais aussi la lutte contre l’immigration, et impose d’aller vite pour construire ce gouvernement d’union nationale. Aussi ils brandissent le bâton : ceux qui n’approuveront pas cette fiction légale seront l’objet de sanctions personnalisées.
L’intervention militaire occidentale ne ferait qu’accroître la souffrance des populations et serait contreproductive en renforçant le radicalisme religieux qui est loin d’être majoritaire dans le pays. Elle aurait aussi pour conséquence de mettre sous tutelle le pays pendant de longues années en imposant un état de guerre permanent, et saperait les tentatives d’unification du pays.
Reconstruire un vivre ensemble en Libye
à l’encontre du plan occidental refusé par la plupart des pays de la région, des négociations se mènent entre les factions des deux parties qui ne veulent pas que la Libye passe sous mandat occidental comme l’Irak. Un processus inter-libyen a été lancé à Tunis avec la signature d’un accord d’intérêt, puis à Malte ; Les présidents des deux Parlements, Aqila Salah et Nouri Abou Sahmein, tous deux opposés à l’intervention, se sont rencontrés.
La fragmentation du pays, l’importance des structures locales dans la vie politique, imposent que l’ensemble des populations soit impliqué dans la recherche d’une paix qui pour être durable doit être assortie de structures politiques qui garantissent le respect des spécificités des différentes populations, un accès équitable aux richesses du pays. Cette voie s’oppose résolument à la politique de Bruxelles et de Washington qui tentent d’imposer leur solution de guerre au risque d’une implosion régionale.
Paul Martial