Ces dernières années, les violences LGBTIphobes sont de plus en plus fréquentes et augmentent en intensité. SOS Homophobie a enregistré en 2022 une agression tous les deux jours (+ 28 % depuis 2021). Une augmentation de 27 % des témoignages de transphobie sont enregistrés depuis 2021 : refus de soins, de services, etc.
Cet emballement ne semble pas ralentir en 2023 et les attaques se multiplient contre nos lieux de lutte et d’expression. À Lyon, en mai, une exposition sur l’histoire des luttes LGBTI a été vandalisée deux fois, avant d’être définitivement retirée. Plusieurs centres LGBTI ont été victimes d’actes de vandalisme et d’attentats. Les centres et locaux d’associations LGBTI d’Arras, Avignon, Montpellier, Nantes ont été victimes d’actes de vandalisme à plusieurs reprises (crachats, jets d’urine, arrachages de drapeaux, tags et collages de stickers d’extrême droite). À la Réunion, le centre LGBTI a été victime d’un incendie criminel. Au centre LGBTI de Tours, c’est un engin explosif qui a été lancé alors que les bénévoles étaient présentEs. C’est la 6e attaque depuis le début de l’année (après les vitres brisées, le forçage de la serrure, la destruction de la boîte aux lettres, etc. Un rassemblement de soutien a été organisé vendredi 26 mai 1.
Intimidation de l’extrême droite
Tous ces actes s’intègrent dans une stratégie d’intimidation de l’extrême droite, des fascistes et des réactionnaires en général. Dans tous ces cas, la police et la justice n’agissent pas ou peu, et les plaignantEs ont toutes les peines à faire reconnaître le caractère homophobe de ces attaques. Il n’est pas nécessaire de revenir sur de la porosité de la police aux idées d’extrême droite en général, raciste et homophobe en particulier 2. Dès lors, comment remettre notre sécurité entre les mains de tels individus couverts et protégés par leurs collègues et leur hiérarchie ?
Le rôle de l’État est la préservation de l’ordre bourgeois et hétérosexuel, et le gouvernement Macron, qui fait la part belle aux homophobes, aux anciens de la Manif pour tous, ne fait pas exception. La droite française s’inspire de la droite américaine, avec la création par les Républicains d’un groupe de travail au Sénat sur la transidentité des enfants et des adolescentEs. C’est pour cela que nous ne leur faisons pas confiance et n’attendons rien de ces institutions. Pour repousser les réactionnaires et se protéger, nous ne pouvons compter que sur notre solidarité de classe et notre capacité à allier les mouvements LGBTI et les mouvements sociaux en général.
Mettre en échec l’appareil productif capitaliste
Nos sexualités, nos identités et nos modèles familiaux portent en eux la subversion de l’ordre hétéro-patriarcal et capitaliste. Nous sommes capables de remettre en cause des modèles oppressifs établis depuis des millénaires. Il nous semble donc important pour le mouvement social de se saisir de ces questions pour saboter l’appareil reproductif. C’est une étape nécessaire à l’émancipation des travailleuses et travailleurs et à la mise en échec de l’appareil productif capitaliste.
Les personnes LGBTI sont en première ligne des attaques de la bourgeoisie et des réactionnaires et sont particulièrement exposées à la précarité. Il est ainsi logique pour notre mouvement d’être une composante à part entière du combat social, voire d’en être à l’avant-garde. C’est pourquoi, dans la perspective d’un front unique, nous voulons repolitiser les Prides à l’intersection des luttes en solidarité avec touTEs les oppriméEs et les exploitéEs. Investissons nos lieux communautaires, nos lieux de vie, de travail et d’études. Développons-y en autogestion des appareils de lutte et de propagande afin d’y réimplanter la conscience de classe, prenons des initiatives pour ne pas rester attentistes dans les mouvements sociaux. Pour ne pas laisser la gangrène fasciste se développer, organisons-nous de manière unitaire et ripostons.
2 – Voir les enregistrements révélés par Mediapart et Arte en 2019.