Publié le Samedi 26 juin 2021 à 10h00.

Trans opprimé·E·s : il faut changer de société

Le 9 juin dernier, l’amendement visant à ouvrir la PMA aux personnes trans a été largement rejeté, dans un silence assourdissant. Preuve, s’il en est besoin, de la transphobie d’État, dont la politique eugéniste interdisait avant 2016 de transitionner sans se faire stériliser, alors que pas une semaine ne se passe sans qu’une surenchère médiatique n’intervienne sur le péril de la théorie du genre…

 

Partout dans le monde, les droits des personnes trans reculent. Au Royaume-Uni, les bloqueurs de puberté ont été interdits aux enfants trans en-dessous de 16 ans (trop tard pour qu’ils soient efficaces). Aux USA, les lois réprimant les personnes trans, que ce soit dans le domaine sportif, social ou dans l’accès au soin, se sont multipliées, faisant de cette année la première en termes de législations transphobes. Partout, la crise du Covid-19 a touché de plein fouet les personnes trans, appartenant souvent aux couches les plus pauvres du prolétariat (travailleurEs du sexe notamment). Sous le capitalisme, les femmes assurent un travail non rémunéré nécessaire à la reproduction de la force de travail, dans toutes les sphères. Au travers de l’institution de la famille bourgeoise hétérosexuelle, la bourgeoisie conserve son capital et se reproduit grâce à l’héritage, et profite de la gratuité du travail des femmes pour accroître l’accumulation du capital. C’est pour cela que la naturalisation des rapports de genre est nécessaire à la classe dominante et que les personnes trans, qui révèlent sa supercherie, par leur trajectoire d’une catégorie à l’autre, sont réprimées. Cette répression s’exprime par un déclassement et un isolement qui les exclut du monde du travail, de l’institution familiale et de l’accès aux services publics.

Pas de libération des trans sans changement de société !

C’est pourquoi il n’y aura pas de libération trans sans destruction du système capitaliste de par son fonctionnement et ses mécanismes. Non seulement il exclut les personnes trans, mais il est aussi incapable de répondre aux besoins de cette population particulièrement précaire : logement, nourriture, soins médicaux, éducation… Si les associations ont abattu un travail colossal pendant la pandémie, limitant les dégâts grâce à des hébergements d’urgence et des colis alimentaires distribués (FAST, Acceptess-T), elles ne peuvent aujourd’hui que traiter les conséquences de problèmes politiques structurels. Plus que jamais, à l’heure où l’extrême droite menace nos vies, le mouvement ouvrier et les LGBTI doivent avancer main dans la main pour renverser ce système qui nous fait crever, comme c’est déjà le cas en Colombie où les femmes trans sont en première ligne contre la répression militaire et policière des mobilisations. Parce que ce n’est pas le pinkwashing qui nous libérera, mais bien la révolution qui nous permettra de construire une société libérée de tout type d’exploitation, d’oppression et d’aliénation.