Publié le Mercredi 10 décembre 2025 à 10h47.

De l’air, de l’air – Ouvrons les frontières !

À Menton, Briançon, Mont-Genèvre, Hendaye (frontière pyrénéenne côté Pays basque), au Perthus (frontière pyrénéenne côté Catalogne) et sur la zone d’attente de l’aéroport de Roissy, ces mobilisations transfrontalières ont témoigné et rendu visible la violation permanente des droits des réfugiéEs aux frontières intérieures : contrôles au faciès, en particulier dans tous les transports ; procédures expéditives et illégales (refus de traduction, de médecin, d’avocat…) ; violation du droit d’asile (absence d’information sur le droit de demander l’asile) ; non-respect de la protection des enfants ; conditions indignes d’enfermement ; refoulements systématiques…

Les frontières tuent !

Depuis novembre 2015, la France a rétabli les contrôles aux frontières et mis fin au principe de liberté de circulation dans l’espace Schengen. Tous les prétextes ont été bons — le Covid, les J.O., la menace terroriste, la lutte contre le narcotrafic — pour militariser à outrance les frontières.

Ainsi, sur la frontière franco-espagnole, l’opération Sentinelle mise en place après les attentats de 2015 a été réactivée depuis pour contrôler « l’immigration clandestine » : par exemple, sur la frontière catalane, chaque jour, 350 hommes (police, gendarmerie, douane, armée) instaurent un véritable état de siège : contrôle permanent des véhicules et des personnes, des gares, des routes secondaires et autoroutes — avec toute la technologie qui va avec : drones, caméras infrarouges et logiciels de surveillance sophistiqués. Et il en est de même sur toutes les frontières intérieures. La préfecture de Perpignan se targue d’avoir refoulé 3 000 personnes en 2024. Et, bien sûr, cette guerre aux migrantEs se fait aux frontières en collaboration avec les polices italienne et espagnole !

Derrière ces chiffres et ce déploiement militaire ­démentiel, ce sont des tragédies quotidiennes qui se jouent. Pour surmonter ces obstacles, les réfugiéEs prennent des risques de plus en plus grands. Depuis 2015, au moins treize personnes sont mortes sur la frontière franco-espagnole et au moins soixante sur la frontière franco-italienne.

Plus que jamais la solidarité !

La solidarité active avec les migrantEs est indispensable, urgente. Nombreuses sont les actions solidaires, malgré leur criminalisation par le pouvoir. Mais il est urgent qu’elles se développent et s’organisent à un niveau supérieur pour mettre fin à cette politique d’État criminelle et raciste.

Josie Boucher

* CAFI (Coordination des actions aux frontières intérieures : Amnesty International France, La Cimade, Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, Secours catholique-Caritas France)

** Anafé (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers)