Depuis plus de deux mois, le mouvement des Gilets jaunes est l’expression d’une colère populaire radicale. Il vient contester, par les blocages et les manifestations de rue, la politique néfaste de Macron, le président-directeur général des super-riches. Le mouvement ouvrier organisé doit désormais s’y mettre… vraiment.
La mobilisation des Gilets jaunes est partie d’une révolte contre la hausse du prix des carburants liée à l’augmentation des taxes, avec sans aucun doute au début du mouvement beaucoup de confusions et de réticences envers l’ensemble du mouvement ouvrier organisé. Ce dernier a donc, au départ, regardé les Gilets jaunes de loin, très loin. Mais le mouvement des Gilets jaunes a évolué rapidement, en particulier dans ses revendications et sa politisation. C’est ainsi qu’il a porté très rapidement des revendications sur la répartition des richesses, mis en avant les questions d’injustice fiscale, avec en particulier le refus de la suppression de l’ISF mais aussi la demande de plus de progressivité de l’impôt sur les revenus, la critique de la TVA, des faibles revenus (tout augmente sauf les salaires...), le mépris social des riches et des politiciens à leur service, la démocratie confisquée par cette poignée sur le dos de la majorité… Des questions politiques et sociales qui entrent en écho avec ce que l’ensemble du mouvement ouvrier porte depuis des décennies.
Cette mobilisation qui ne s’arrête pas a obligé le gouvernement à sortir plusieurs cartes de son jeu. D’abord, un pseudo recul avec quelques annonces comme une fausse augmentation du SMIC, des effets d’annonce sur la CSG pour certainEs retraitéEs, qui n’ont pas convaincu… loin de là.
Incapable de contenir le mouvement, le pouvoir a en outre joué la carte de la répression policière, omniprésente depuis fin novembre dans les mobilisations, et qui s’est amplifiée ces dernières semaines : le bilan est à cette étape édifiant (entre 6 000 et 7 000 personnes interpellées, plus de 5 000 gardes à vue, plus de 150 incarcérations et des centaines de blesséEs, souvent mutiléEs) et le gouvernement durcit encore le ton en dégainant une nouvelle loi liberticide visant à empêcher de fait les manifestations de rue.
Le tout dans le contexte du lancement d’un « grand débat » qui, dans les faits, n’est qu’un one-man show de Macron, du bla-bla qui n’arrive pas à éteindre la colère sociale.
5 février : un tournant
Après pratiquement 13 semaines de mobilisation, le mouvement des Gilets jaunes ne s’essouffle pas. L’acte xii, qui avait pour thème la répression policière, l’a une nouvelle fois montré. Du monde partout, encore et toujours, mais le constat est de plus en plus partagé qu’il y a urgence à ce que ce mouvement se massifie pour les faire céder. Le gouvernement est en effet plus que jamais affaibli, mais reste droit dans ses bottes, refuse de prendre sur le capital de ses amis les plus riches pour donner au plus grand nombre, s’enferme dans la provocation et la répression.
Il est plus qu’urgent que toutes les colères sociales convergent pour les faire reculer et céder. C’est ainsi que l’appel interprofessionnel à la grève du 5 février, par la CGT et Solidaires, rejoint par des collectifs et assemblées de Gilets jaunes, a marqué une nouvelle étape importante à la convergence. Même si déjà, dans de nombreuses villes, cette convergence a vu le jour, avec régulièrement des organisations syndicales et des Gilets jaunes qui manifestent ensemble, et pas seulement le samedi (voir ci-contre). Dans plus de trente départements, il y avait des mobilisations communes le 5 février. Et dans les esprits de chacune et chacun, l’extension de cette convergence devient une nécessité absolue face à un gouvernement qui reste sourd aux revendications. Après les blocages des ronds-points, c’est désormais le blocage de l’économie qui est à l’ordre du jour.
Toutes et tous ensemble… pour gagner !
Malgré sa ténacité et sa radicalité, le mouvement des Gilets jaunes n’a pas réussi à faire fondamentalement reculer Macron. Celui-ci se sent encore assez puissant pour accentuer sa politique anti-sociale et la répression. La jonction des Gilets jaunes et du mouvement ouvrier organisé n’est pas bien vue par ce gouvernement, et pas davantage par l’extrême droite qui tente d’imprimer sa morsure dans la mobilisation. Nous avons donc toutes et tous, dans notre diversité et sans renier les identités de chacunE, une responsabilité importante pour réussir la jonction, développer les grèves sur des revendications d’émancipation sociale.
À cette heure, seule Solidaires parle de reconductible au niveau national. Mais cette question traverse plus que jamais les esprits de nombreuses équipes syndicales, de la CGT en particulier. Le 5 février ne peut demeurer une date sans lendemain. Elle doit servir de point d’appui pour être toujours plus nombreuses et nombreux dans les manifestations, sans les opposer et pour amplifier encore le mouvement en débattant d’une grève générale reconductible. Pour que Macron, le méprisant, cède et recule. Nous pouvons y arriver toutes et tous ensemble… allons-y !
Joséphine Simplon