Cette année n’aura été semblable à aucune autre. Et c’est forts de notre expérience du confinement que nous avons essayé d’adapter cette année le format de notre meeting traditionnel. Sur le modèle de notre émission « L’Anticapitaliste », celui-ci était diffusé en direct en ligne pour l’ensemble de nos réseaux et suivis par plusieurs milliers de spectateurs malgré les conditions difficiles de son organisation (et la concurrence déloyale de l’UEFA).
Crise sanitaire
Ce meeting ne pouvait pas vraiment commencer par autre chose qu’un bilan de l’état dans lequel se trouve aujourd’hui le système de santé public. Pauline, qui travaille au CHU de Toulouse, est évidemment revenue sur la période difficile que venaient de traverser les personnels hospitaliers face à la crise sanitaire, mais surtout sur la responsabilité que le gouvernement y porte. Leur entreprise de destruction de notre service public de santé ne date pas d’hier. Ce gouvernement comme les précédents porte la responsabilité de nos mortEs, eux qui ont organisé la pénurie de lits, de personnels, de matériel… La lutte du personnel hospitalier, propulsé en première ligne de cette crise, au côté d’autres métiers et secteurs « indispensables » au fonctionnement de notre société, n’a pas attendu le déconfinement pour revenir sur le devant de la scène politique.
Ciblés par le gouvernement et les médias comme les nouveaux responsables du regain de l’épidémie (et pas du tout la gestion désastreuse de la crise et l’absence de financement), les jeunes se sont également retrouvés en première ligne ces derniers temps. Sur de nombreuses questions, autour des mobilisations internationales écologistes, féministes et plus récemment antiracistes, les jeunes se sont imposéEs. En effet, dès le début du déconfinement et autour de l’appel du Comité justice pour Adama, des dizaines de milliers de jeunes sont descenduEs dans la rue pour s’opposer aux violences policières et au racisme systémique de l’État français. Almamy Kanouté est ainsi revenu avec nous sur ces dernières semaines de mobilisations et sur ce mouvement, qui fait certes écho à celui encore en cours aux USA suite à la mort de Georges Floyd, mais connait aussi des rythmes et des dynamiques plus spécifiques.
Comme Selma du secteur jeunes du NPA nous l’a rappelé, les jeunes, scolarisés ou non, ont été au centre de nombreuses attaques dans cette période, mais également des résistances ! Sur toutes les questions de société et au centre des mouvements de lutte internationaux comme c’est le cas sur les questions écologiques, mais également au centre de cette nouvelle vague de mobilisation féministe, sur laquelle nous sommes revenuEs avec Mimosa, membre de la commission d’intervention féministe du NPA.
Crise écologique et crise sociale
Notre porte-parole, Christine Poupin, est d’ailleurs revenue sur les origines de cette crise, pas uniquement sanitaire mais aussi conséquence de la crise écologique, et sur la responsabilité que portent les capitalistes dans l’épidémie et sa gestion politique. La destruction de l’environnement et de la diversité précipitée par le mode de production capitaliste a créé les conditions de cette épidémie. Les jeunes l’ont compris : vouloir sauver la planète se fera contre le capitalisme. Ce système doit être détruit avant qu’il ne nous détruise. Et même si les capitalistes ont aussi été, dans un premier temps, frappés par l’ampleur de cette épidémie, ils essayent aujourd’hui de nous en faire payer le prix. Cette épidémie a en effet précipité la crise du système et notamment la crise économique que nous connaissons actuellement. Les capitalistes de tous les pays, et en premier lieu les nôtres, ont décidé de faire payer les classes populaires. Licenciements, destruction du code du travail… Joël, technicien avion à Air France, est revenu avec nous sur l’ampleur des attaques que subissent aujourd’hui les salariéEs de l’aérien et de l’aéronautique.
Retour sur le mouvement des retraites
La mobilisation contre la « réforme » des retraites fut, il ne faut pas l’oublier, un moment central de cette année politique. La contre-réforme des retraites a été la première attaque globale du gouvernement Macron, qui a provoqué une réponse historique de notre camp social, à de nombreux points de vue. Anasse, cheminot au Bourget, est revenu sur l’expérience de cette grève dans les transports et notamment sur la tentative de coordination SNCF-RATP en région parisienne, dans le cadre d’un mouvement extrêmement déterminé mais malheureusement très dispersé et auquel il aura manqué l’implication du secteur privé.
Crise politique
Ce gouvernement est à l’offensive à tous points de vue. Son autoritarisme n’a fait que se confirmer dans cette dernière période. La répression et la violence, déjà depuis longtemps à l’œuvre dans les quartiers populaires, mais également subie de plein fouet par les Gilets jaunes l’année précédente, n’a fait que s’étendre et se renforcer. Elle s’abat contre tous ceux qui relèvent la tête ou s’opposent, que ce soit dans la jeunesse, à l’université ou au lycée, sur nos lieux de travail, public comme privé, dans nos quartiers, ou encore dans la rue, comme c’est le cas pour notre camarade incarcéré Roland Veuillet. Deux militantEs du collectif de soutien à Roland sont justement venus nous parler de l’acharnement judiciaire qu’il subit et de la situation insupportable dans laquelle il se trouve encore aujourd’hui. Nous exigeons sa libération immédiate et l’abandon de toutes les charges qui pèsent contre lui, mais également contre touTEs les militantEs du mouvement ouvrier qui subissent la répression de ce gouvernement.
Être à l’offensive
Olivier Besancenot concluait ce meeting, mais pas nos réflexions et nos perspectives pour la rentrée : Il va falloir se battre, lutter, faire grève, manifester… Voilà la seule rentrée que nous devons préparer ! Rachel et Sylvie, femmes de chambre en lutte à l’Ibis Batignolles depuis plus de 13 mois maintenant, nous l’ont rappelé avec force et dignité ! Elles sont en lutte contre les cadences infernales, pour les salaires, contre le harcèlement et pour l’internalisation de la sous-traitance. Tiziri, militante à la CGT HPE (dans l’hôtellerie de luxe) soulignant également que ce secteur avait été particulièrement touché par la crise et les attaques contre le droit du travail.
Ces luttes sont celles de toute notre classe. Pour l’emploi, contre la précarité, pour le partage du temps de travail, pour l’augmentation des salaires… Cette rentrée sera également celle où nous devrons faire définitivement reculer ce gouvernement sur sa contre-réforme des retraites ! Pour gagner, il nous faudra être présentEs sur tous les fronts : féministe, écologique, antiraciste, au côté des Gilets jaunes, des migrants… et bien évidemment résister face aux attaques à venir contre nos droits sociaux. Les semaines et les mois qui vont venir vont être déterminants pour construire et renverser les rapports de forces entre les classes sociales.
Au-delà, pour les anticapitalistes et les révolutionnaires, il s’agit d’articuler riposte unitaire et massive face à l’offensive de la bourgeoisie et défense de la perspective globale d’un renversement du système, seule issue face à la barbarie qui nous guette. Un programme de luttes, de résistances et de transformation révolutionnaire de la société qui nécessitera le développement d’un outil politique adapté, un parti anticapitaliste, révolutionnaire, large, utile à touTEs les oppriméEs et les exploitéEs !