La Coupe du monde de football 2022 au Qatar surpasse toutes les autres en matière de fric, d’exploitation du travail humain, de saccage des ressources, d’aberrations écologiques.
Les coupes du monde de football ont souvent été marquées par des scandales où politique et business faisaient bon ménage avec le sport. Au royaume du foot où les stars du ballon gagnent des salaires exorbitants, l’argent est roi.
Avec les coupes du monde, la machine à gros sous s’emballe. C’est le jackpot pour les entreprises, en particulier celles du BTP, du tourisme, des écrans et postes de TV, de la publicité et des médias (droits de diffusion). La Coupe du monde 2022 au Qatar bat des records de fric (200 milliards de dollars), d’absurdité environnementale, de scandales d’exploitation de travailleurs, de violences contre les LGBTI.
Le choix du Qatar
Comme l’ont révélé Mediapart, Blast, Complément d’enquête et Radio France, les conditions d’attribution de l’organisation de la Coupe du monde au Qatar en 2010 ont été entachées de soupçons de corruption. La nomination de cet État connu pour son régime d’oppression des droits humains, son code du travail défectueux a été dénoncée dès 2010 : des membres de la FIFA auraient touché des pots-de-vin pour influencer le vote. Des gouvernements ont soutenu cette candidature, comme celui de Sarkozy. Hollande ne fut pas en reste, lui qui, en 2015, déclara « crédible » la candidature du Qatar. Il faut dire que son gouvernement venait de vendre 24 avions Rafale à l’émirat !
Dégâts humains
Depuis 2010, des milliers d’ouvriers venus d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, du Népal, du Kenya, des Philippines ont travaillé sur les chantiers de construction des stades, hôtels, aéroports, routes et métro. Selon le journal The Guardian, au moins 6 500 travailleurs sont morts d’accidents de travail ou à cause des cadences infernales et des fortes chaleurs. Ce chiffre ne tient pas compte des décès de travailleurs kenyans et philippins dont le nombre n’a pas été communiqué par leurs gouvernements.
Amnesty International a dénoncé le silence de la FIFA concernant l’indemnisation des travailleurs ainsi que leurs conditions de vie et de travail indignes. Si des avancées ont été obtenues (un salaire minimum, arrêt du travail à partir de 32 °C...), des employeurs sans scrupules ont continué de les exploiter en toute impunité (horaires à rallonge, pas de salaire pendant des mois, hébergements indignes...). Une exploitation honteuse de la misère de milliers d’hommes qui ont trouvé, avec ces chantiers, de quoi survivre (ou en mourir). Une coalition d’organisations de défense des droits humains (dont Amnesty International) a réclamé que la FIFA verse aux ouvriers des chantiers au moins 440 millions de dollars d’indemnisation et de réparation sur les 6 milliards de recettes attendues. La Fédération française de foot a toujours refusé de se prononcer sur le sujet.
Les droits des personnes LGBTI bafoués
Le Qatar interdit les relations sexuelles hors mariage et criminalise l’homosexualité, délits pouvant conduire jusqu’à 7 années en prison. Human Rights Watch a déjà enregistré des cas de garde à vue et d’emprisonnement de personnes LGBTI, de violence lors des arrestations et dénoncé la mise en place de programmes « thérapeutiques à visée de conversion » avec la volonté de normaliser la sexualité et de combattre le « dommage mental » (selon la déclaration d’un ambassadeur qatari). Ces atteintes aux libertés fondamentales n’ont pas gêné la FIFA.
Les dégâts environnementaux
À l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique, où la crise énergétique bat son plein en Europe, construire 7 stades en plus du seul existant, en équiper 7 de la climatisation, révèlent l’absurdité de cette grand-messe du foot.
De plus, la distance pour rejoindre les stades situés dans un rayon de 60 km autour de Doha a nécessité la construction de routes, d’aéroports, d’un métro. Pour conduire les 1,2 million de spectateurs attendus vers les stades, 168 avions en plus par jour feront la navette depuis les pays proches. La liaison aérienne Paris-Doha assurera 3 à 6 vols par semaine. Les spectateurs, qui ne trouveront pas tous des hébergements à Doha ou à proximité dans les hôtels dont certains sont construits sur l’eau, devront aller dans différents États du Golfe (moins chers).
Face à cette gabegie d’émissions de gaz à effet de serre, les organisateurs de la Coupe du monde affirment que toutes les émissions seront compensées. Ah, la compensation ! L’entourloupe intégrale qui veut nous faire croire que des programmes de réduction des émissions ou de séquestration du CO2 vont être soutenus et pourraient annihiler les dégâts causés par toute cette démesure. « Pas crédible », d’après l’ONG Carbon Market Watch.
La FIFA sous-évalue à 3,6 millions de tonnes les dégagements de dioxyde de carbone, car elle ne tient pas compte des navettes aériennes, minimise les effets de la construction, de l’entretien et de l’exploitation des stades.
Coupe du monde démesurée au Qatar et COP27 en Égypte, l’univers capitaliste ne craint aucune contradiction. La planète brûle, le vivant s’étiole et disparaît, les milliards de la Coupe du monde de foot auraient dû être utilisés contre les fléaux qui menacent nos vies.