Publié le Mercredi 7 décembre 2022 à 12h17.

Contributions des plateformes à la veille du congrès

Plateforme A : un congrès qui acte un processus de refondation révolutionnaire et démocratique, maintenant !

Tout au long des AG, nous nous sommes battuEs contre la fausse alternative entre B et C, entre marasme et scission, entre statu quo et explosion du parti. Nous avons tout fait pour remettre au centre les discussions programmatiques et stratégiques en les liant aux enjeux d’orientation et d’intervention.

Nombre de camarades ont reconnu la qualité de nos textes et l’intérêt de nos interventions. Dans de nombreux cas, la pression à l’alignement derrière un des deux blocs a été trop forte. Néanmoins, nous savons que nous avons convaincu sur le fond au-delà des camarades qui ont voté pour nous, comme l’atteste le fait que nous doublons presque nos voix lors des votes en non-contradictoire. Nous savons que nous pourrons travailler avec ces camarades et d’autres pour refonder le NPA, pour reconstruire un parti utile dans la lutte des classes. Car nous ne renoncerons pas à ce que nous avons porté ces dernières semaines au cours du congrès qui va s’ouvrir.

Les résultats semblent assez clairs. Aucun des deux blocs, B ou C, n’est majoritaire. Il n’y a donc pas de majorité pour valider la scission. Au sein de la B, de nombreux militantEs et comités se sont positionnéEs contre, parfois en votant finalement C pour l’empêcher. Inversement, il n’y a pas non plus de majorité pour le statu quo actuel et mortifère, pour le front d’appareils en concurrence et le bloc pour son maintien que représentait la C. Ce congrès devra donc respecter les votes des AG et de touTEs les militantEs du NPA. Nous nous mobiliserons pour que ce congrès ne soit pas celui de la séparation ou de la scission, mais celui de la refondation révolutionnaire !

Nous nous battrons pour un nouvel accord de fonctionnement, soutenu largement dans le parti, avec des droits et des devoirs pour l’ensemble des courants, officiels ou non, majoritaires ou d’opposition. C’est pour ces raisons que nous avons soutenu la démarche des camarades du Tarn, et que nous participons aux discussions, à la recherche jusqu’au bout de cet accord.

Ces droits et devoirs doivent s’appliquer à touTEs les camarades. Ils sont élémentaires : participer à animer le NPA, le nourrir, mener d’abord les débats en son sein et donc y bénéficier de la plus grande liberté d’expression… L’appareil et les différentes instances doivent davantage être ouvertes aux différentes sensibilités, qui en retour doivent davantage s’y investir. Ces dernières doivent prioriser les médias du NPA plutôt que les leurs. Nos tracts doivent renvoyer aux sites du parti et non à ceux des tendances. Nous devons aboutir à une trésorerie unique, ce qui implique en contrepartie des subventions du parti aux tendances ou fractions. Les comités doivent redevenir le centre de l’organisation, en participant à élaborer son orientation, en étant plus souvent consultés. Une réunion nationale des comités doit être organisée chaque année. Dans ce sens, nous espérons que la rotation des mandats, statutaire, finira par être appliquée.

Le parti et ses comités doivent redevenir le lieu de l’intervention commune et des tests dans la réalité. Il est urgent de renouer confiance et camaraderie pour intervenir efficacement ! Or, ce sont ces pratiques communes autour d’une orientation, adaptée aux réalités locales, qui nous permettront de tirer des bilans communs et de faire parti.

Mais nous savons bel et bien que même le meilleur fonctionnement possible, s’il peut améliorer la situation, ne réglera pas la crise du NPA. On ne peut pas séparer les questions dites « administratives » des questions de fond politique. C’est en ce sens que la refondation que nous voulons est révolutionnaire et démocratique. Elle implique de tourner la page du parti large pour acter ce que nous sommes devenuEs dans les faits et en tirer le meilleur parti pris : construire un parti révolutionnaire. Car c’est justement le « parti large » qui a fait que le NPA est devenu un front de partis concurrents.

Pour nous, il est temps d’apporter les clarifications politiques nécessaires : par la réaffirmation du NPA comme parti révolutionnaire et la réactualisation de son projet communiste ; par l’élaboration d’un programme de transition crédible et désirable, par le lancement de discussions sur notre hypothèse stratégique, par la mise en avant d’une écologie anti-productiviste qui parle de réorganisation des moyens de (re)production et de décroissance dans certains secteurs, par un travail volontariste d’implantation sur les lieux de travail mais aussi dans les collectifs féministes, LGBTI, antiracistes, antivalidistes, etc. Ainsi, nous ne transigerons jamais sur la prise en compte des oppressions dans notre programme et notre orientation quotidienne.

À ce titre, nous nous réjouissons du vote majoritaire d’une cellule spécialisée sur les VSS, non-mixte, et séparée de la CM. En cette période de #MeTooPolitique, un effort spécifique concernant la prise en charge des violences sexistes et sexuelles se devait d’être engagé. Nous nous réjouissons également que la motion de la commission LGBTI sorte également majoritaire : il est plus que temps de nous doter d’une véritable intervention dans ces secteurs qui ne sont pas de simple supplément d’âme à la lutte des classes, mais bien une partie pleine et entière de celle-ci ! Nous devons continuer dans la voie tracée par ces deux motions.

En tous points, la dynamique ouverte par la refondation serait bien plus enthousiasmante que celle d’une séparation ! C’est pourquoi nous voulons que ce congrès fixe un calendrier et lance le chantier d’un manifeste programmatique, d’une refonte de nos statuts et de nos principes fondateurs, permettant des débats transversaux au sein de notre parti et au-delà. Ce processus de refondation révolutionnaire devra être acté à la fin du congrès.

Pour dépasser la crise du parti, nous proposons donc ces portes de sortie à touTEs les déléguéEs, et voulons travailler à cette refondation avec ceux et celles qui le souhaiteraient. Inversement, ceux et celles qui refuseraient d’avancer sincèrement sur le fonctionnement comme sur la clarification politique porteraient une lourde responsabilité en cas de scission.

Plateforme A.

 

Plateforme B : Une orientation et un projet majoritaires pour relancer le NPA

Avec 48,3 % des suffrages exprimés dans les AG locales, la PFB arrive en tête des votes des militantEs. Notre texte d’orientation arrive lui aussi en tête, avec près de 50 % des suffrages. Construction d’une organisation anticapitaliste et révolutionnaire indépendante capable de mener une politique unitaire, articulation entre lutte contre l’exploitation, luttes écologistes et luttes contre les oppressions, projet d’un parti politique et non d’un front de fractions : autant de propositions qui emportent une majorité des suffrages exprimés. Nous nous en félicitons, même si les votes confirment que le NPA est profondément clivé et que les désaccords, tant sur l’orientation que sur le fonctionnement, ne pourront être dépassés par de vrais-faux compromis.

Indépendant, unitaire, révolutionnaire

Il est temps d’enregistrer ces résultats pour aller de l’avant. Comme nous l’avons répété durant les AG, et ce contrairement aux accusations infondées de vouloir se « dissoudre dans la Nupes », nous voulons continuer le NPA, comme projet de construction d’une organisation anticapitaliste, révolutionnaire, ouverte. Une organisation indépendante, radicale, posant la question de la rupture et de la transformation révolutionnaire de la société et un projet éco­socialiste conséquent, mais qui construit les luttes et les cadres unitaires, pour reconstruire la conscience de classe, modifier les rapports de forces, proposer une orientation de rupture. Une organisation qui ne cultive pas son isolement et ne se contente pas d’intervenir dans les luttes dans le seul but d’y recruter ou d’y faire de la propagande générale.

Nous voulons que le NPA joue un rôle utile pour la construction de l’ensemble des luttes : sur les lieux de travail, écologistes, antiracistes, féministes, internationalistes, LGBTI, contre l’extrême droite, etc., en respectant leur démocratie interne et leurs dynamiques propres. Il s’agit aussi d’articuler, dans la construction de ces mobilisations, une politique de front unique et une défense du bien-fondé de nos mots d’ordre et stratégies.

À ce titre, les votes sur les différentes motions concernant les luttes contre les oppressions sont révélateurs : les camarades de la PFC ont, dans nombre d’AG, appelé à voter contre les motions féministes et LGBTI, avec des arguments niant le caractère spécifique des oppressions et le rôle stratégique des mouvements autonomes, sur fond de refus de toute forme de politique de front unique. Ainsi, au-delà de la question de la lutte contre les oppressions, le débat sur la politique de front unique est clivant au NPA, les camarades de la PFC rejetant en principe tout cadre d’alliance, y compris dans les luttes, avec des organisations et courants réformistes, au motif que nous y perdrions notre indépendance, voire notre identité révolutionnaire, alors qu’il s’agit avant tout d’œuvrer à l’unité de notre camp social, le prolétariat, et de participer à reconstruire une conscience de classe.

Un parti, pas un front d’organisations

Nous avons également porté dans les AG la nécessité d’en finir avec le fonctionnement actuel du NPA et des fractions-organisations, dotées de leurs propres instances, médias, formations, cotisations, trésoreries, commissions de médiation, etc., où les militantEs des fractions font passer en priorité la construction de leur groupe au détriment du NPA comme outil commun. Face à cela, la PFC s’est contentée de répéter que nous voudrions « liquider » le NPA, briser un outil essentiel, et que rien ne justifierait de ne pas poursuivre l’expérience « ensemble ».

Mais si les camarades des fractions sont aussi convaincus que le NPA peut être un outil commun, pourquoi n’ont-ils et elles rien fait, ces dernières années, malgré nos alertes et propositions ? Et si aucun désaccord politique ne saurait justifier de mener des vies séparées, pourquoi se sont-ils et elles organisés, depuis 10 ans, voire davantage, en dehors des cadres du NPA, non comme des tendances ou des fractions mais comme des organisations autonomes et distinctes du NPA ?

Les propositions faites par la PFC, sous couvert d’amélioration du fonctionnement, visent à institutionnaliser le fonctionnement du NPA en front d’organisations, en bottant en touche sur des questions essentielles (cotisations, trésoreries séparées, recrutement aux fractions avant le recrutement au NPA, transparence et publicité de leurs initiatives…). Cela ne répond évidemment pas aux problématiques que nous avons portées, c’est même le contraire.

Et si la motion « Continuer le NPA » a recueilli une majorité dans les AG, nous savons que c’est parce que se sont mêlées, par ce vote, différentes préoccupations : pour certains, à la PFC, le statut quo ; pour d’autres, l’attachement au projet du NPA et/ou la crainte sincère d’un affaiblissement de nos ­capacités d’intervention.

Que les choses soient (re)dites : ce que nous refusons, c’est le statut quo, les faux arrangements cosmétiques ou, pire, le renforcement de la logique du front d’organisations. Nous voulons un parti dans lequel chacunE construit prioritairement le commun, et qui soit un véritable lieu d’élaboration commune, d’intervention commune et de bilans communs. Et c’est ce que nous défendrons jusqu’au bout de ce congrès.

***

Tant sur les questions d’orientation que sur le fonctionnement, les votes et les dynamiques des AG ont montré que nous pouvions discuter et trouver des points d’accord avec la PFA malgré nos nuances et désaccords, mais que les divergences avec la PFC étaient immenses. Nous ne voyons pas comment le congrès des 9, 10 et 11 décembre pourrait faire autre chose qu’enregistrer cet état de fait.

Nous prenons donc nos responsabilités et nous nous adressons à l’ensemble des camarades attachés au projet de construction et de développement d’un NPA comme parti indépendant, attentif aux dynamiques sociales et politiques, intervenant concrètement dans la lutte des classes en combinant unité et radicalité, et qui ne confond pas le pluralisme avec la constitution d’un front d’organisations concurrentes entre elles : nous n’avons pas renoncé à la construction de cet outil, et nous le construirons et le ferons vivre, après le congrès, avec toutes celles et tous ceux qui partagent cet objectif, tant du point de vue de l’orientation que du projet organisationnel, par l’intervention dans les luttes, notamment sur les retraites et les salaires, et par une campagne politique nationale de construction du parti dont nous avons besoin dans la période.

Équipe d’animation de la plateforme B

 

Plateforme C : une majorité pour continuer le NPA !

À l’issue de la phase de préparation du 5e congrès du NPA, et à la lumière des discussions et des votes qui ont eu lieu en assemblées locales, dans de nombreuses villes du pays, il se confirme que le NPA affronte ce congrès avec de l’espoir mais aussi de l’inquiétude quant à son issue. Toutes et tous, nous pouvons déjà nous féliciter que dans un contexte national et international de plus en plus dur pour les exploités et les opprimés, marqué par la montée de forces réactionnaires d’extrême droite, la militarisation croissante des États mais aussi, en retour, par des réactions sociales et révoltes d’ampleur, le NPA a vu croître de quelques centaines ses effectifs militants, pour l’essentiel des jeunes. On peut se féliciter aussi de la vivacité des débats entre 1 500 militants et militantes qui ont pris part aux votes dans les AG, ce qui s’exprime par les scores serrés entre deux plateformes qui arrivent en tête sans qu’aucune n’ait la majorité. L’enjeu de ce congrès va donc être de poursuivre ces débats d’orientation, portant sur l’analyse des situations concrètes et nos modes d’intervention dans les luttes sociales et politiques — dont celles posées par les oppressions spécifiques de sexe, genre ou race —, mais aussi de nous donner les moyens, par delà des divergences manifestes et prégnantes, de continuer ensemble. Ce que devraient permettre les bases révolutionnaires sur lesquelles nous militons toutes et tous.

Quelques chiffres et rappel des enjeux d’orientation

La plateforme B (PfB), présentée par l’actuelle direction du NPA, recueille 48,29 % des voix, soit seulement 40 voix de plus que la PfC que nous présentons et qui en recueille 45,55 %. La PfC fait des scores majoritaires dans plusieurs grandes villes, dont Paris et sa région, en particulier par la croissance du parti dans la jeunesse scolarisée. La PfA fait 6,16 %.

La PfB, qui dit militer pour une « gauche de combat », affiche à nos yeux un trop grand tropisme à l’égard de forces politiques et sociales de la gauche institutionnelle, en particulier de la Nupes. Cette orientation a connu des applications néfastes aux législatives de juin 2022, où la direction du NPA a choisi d’apporter son soutien, sauf rares exceptions, aux candidatures de la Nupes. Les camarades de notre plateforme ayant combattu cette orientation, y compris en présentant dans quelques circonscriptions des candidatures du NPA face à celles de la Nupes, et/ou en votant pour Lutte ouvrière, ont été fortement stigmatisés.

L’enjeu pour le NPA dans la période qui s’ouvre, est bien plutôt de regrouper autour d’un pôle révolutionnaire une génération militante qui se politise, ce qui s’est confirmé à l’occasion de la campagne présidentielle de Philippe Poutou au printemps dernier. La croissance — certes relative — du parti est tangible dans la jeunesse des classes populaires. Nous n’excluons évidemment pas de saisir les opportunités de fronts de lutte avec des partis ou formations de gauche et/ou équipes syndicales combatives. Nous en avons initiés à diverses occasions. Mais nous ne faisons pas de l’« ouverture » et l’« unité » un mantra quasiment stratégique, à l’instar de la PfB. Ce serait une erreur, dans un contexte présent où les directions de ces partis de gauche et leurs relais dans les appareils syndicaux n’offrent précisément aux travailleurs aucune perspective de s’opposer comme une force politique de classe aux attaques concertées du patronat et du gouvernement. Ces directions « de gauche » se contentent de s’unir entre appareils dans ce front électoral et parlementaire qu’est la Nupes, dont sont exclues les classes populaires, si ce n’est pour aller voter et apporter un jour un poste de Premier ministre pour Mélenchon. Plutôt que de nous orienter vers une « gauche de combat » (un oxymore), nous proposons de renforcer une extrême gauche de combat, autour d’un NPA révolutionnaire revigoré.

Contraints de vivre ensemble, pour le meilleur ?

Une partie non négligeable des débats a également porté sur la possibilité de continuer à militer ensemble dans un même NPA. L’équilibre des forces entre nos orientations dont aucune n’est majoritaire et que le congrès ne pourra qu’entériner, est peut-être un bien pour un mal : plutôt que d’encourager à nous séparer, il peut nous obliger au contraire à discuter et agir ensemble (il le faudra bien puisqu’il n’y a pas de majorité), en conjuguant nos efforts pour permettre apparitions et interventions communes du parti tout entier et en même temps assurer le droit démocratique à l’expression et l’expérimentation de tous et toutes. Un exercice difficile mais il en va de notre responsabilité collective. Ce qui implique un meilleur ­fonctionnement du NPA.

C’est le mandat que les militants ont donné au congrès : une majorité nette se dégage dans les AG pour « continuer le NPA ». La motion éponyme a recueilli près de 60 % des votants (sur 70 % de suffrages exprimés). Les camarades de la PfA, comme ceux de la PfC, se sont également prononcés contre toute scission. Enfin les voix qui se sont portées sur la PfB sont loin de former un bloc favorable à une séparation.

Continuer quel NPA ?

Ce 5e congrès doit être celui d’un NPA qui se donne des orientations d’intervention et de construction, qui s’adresse à tous les travailleurs et les jeunes de ce pays pour leur proposer les grandes lignes du combat contre les offensives patronales et gouvernementales. En mettant au premier plan la nécessité du terrain des grèves et des luttes pour les exploités et les opprimés, elles seules permettant d’arracher les conditions de vie et de survie des hommes comme de la nature face à un système capitaliste de plus en plus prédateur. Il va nous falloir partir en campagnes, en cherchant des alliances à gauche si elles ne freinent pas nos initiatives, mais aussi et surtout à l’extrême gauche — ce qui devrait s’imposer. Les luttes de classe sortent des limites syndicales ou revendicatives dès qu’elles convergent, se généralisent. Elles deviennent alors un fait politique, ouvrent sur des questions de pouvoir. Et elles le pourraient et le devraient aussi à l’échelle planétaire, car nous sommes internationalistes, pour l’émancipation du prolétariat qui est mondial, pour la libre circulation des hommes et l’ouverture de toutes les frontières.

Nous allons devoir renforcer notre orientation qui pose l’actualité et l’urgence de la révolution.

Les membres du CE de la PfC