Nous pouvons distinguer trois phases. La première est proprement américaine. Le sommet de l'activité est situé en août 1929. Le recul de la production industrielle s'accélère nettement à partir du krach d'octobre. Le surendettement des ménages vient ajouter ses effets. Le crédit à la consommation (une innovation récente) a joué ici un rôle important (achats d’automobiles). Une première vague de suspensions bancaires débute en octobre 1930.
Un processus de redressement se dessine au début de 1931. Il est interrompu par la deuxième vague de suspensions bancaires américaines, qui débute en juin 1931. Nous entrons dans la seconde phase de la crise, située sous l'influence des événements européens. C'est le 11 mai 1931 que sont rendues publiques les pertes de la Creditanstalt, début de la crise bancaire autrichienne. La vague de défiance frappe ensuite l'Allemagne. Malgré un prêt accordé à la Reichsbank par les autres banques centrales, malgré la proposition, le 20 juin 1931, par le Président américain Hoover de la suspension, pour un an, de tous les paiements sur les dettes intergouvernementales (dettes de guerre et réparations), la ruée des déposants se poursuit et l’une des plus importantes banques allemandes, la Danat, ne peut être sauvée. Le 14 juillet, toutes les institutions financières allemandes sont fermées et le contrôle des changes instauré. En volume, le produit national net allemand recule de 3,5 % en 1930, mais de 10,8 % en 1931.
Après la monnaie allemande (le reichsmark) vient le tour de la livre sterling, dont la convertibilité-or est suspendue le 21 septembre 1931. D’août à décembre 1931, la monnaie anglaise se déprécie de plus de 30 % par rapport au dollar, resté sur l’or. Le coup est terrible. Les pressions déflationnistes (à la baisse des prix) s’accentuent un peu partout dans le monde : les prix anglais à l’exportation diminuent à proportion de la dépréciation de la livre et les producteurs étrangers sont contraints, pour résister à la concurrence, de suivre le mouvement. Le dollar américain (lié à l'or) est très rapidement attaqué. Pour défendre sa parité, la banque centrale américaine (la Fed) augmente fortement son taux d'intérêt, ce qui attire les capitaux, sauve (temporairement) le dollar mais aggrave la situation économique. Les volumes de la consommation des ménages et de l’investissement privé enregistrent, en 1932, les chutes annuelles les plus sévères de toutes celles relevées au cours de la grande dépression américaine.
Les Etats-Unis subissent la troisième et dernière phase de leur crise avec une nouvelle vague de suspensions bancaires, qui débute au cours du dernier trimestre de 1932 et se conclut le 6 mars 1933 par la fermeture générale des banques. Cette vague est étroitement liée au choix de plus en plus évident du Président nouvellement élu, Roosevelt, de pousser le dollar hors de sa base or, ce qui entretient la crainte d'une future dépréciation du dollar et amène la Fed à augmenter son taux d'intérêt, toutes choses qui redoublent les coups portés à une activité défaillante.
Le creux mondial avait été atteint au troisième trimestre de 1932. Mais le 19 avril 1933, l’étalon-or est officiellement abandonné par les Etats-Unis. Après la livre, c’est le dollar qui se déprécie. A nouveau la pression déflationniste s’accroît pour les pays restés fidèles à l’or, bientôt regroupés en un « bloc-or », au sein duquel se trouve la France. La Conférence de Londres de juin et juillet 1933, convoquée pour remédier à cette situation, se termine sur un échec et la crise française débouche sur le Front populaire.