La conjugaison de la crise climatique et de la crise économique met le capitalisme dans une situation inédite. Contrairement aux Trente Glorieuses (qui furent aussi les Trente Pollueuses), les marges de manœuvre pour donner du grain à moudre aux classes populaires n’existent pas. Par ailleurs, les politiques de restriction salariale empêchent toute dynamique de relance et de croissance soutenue. Mais surtout l’extension du capitalisme butte aujourd’hui sur des limites naturelles ; quant à un éventuel capitalisme vert, il semble hors de portée, tant la loi de la concurrence et du profit immédiat conditionne les choix productifs et empêche toute forme de coordination rationnelle, notamment en matière énergétique. C’est dire à quel point une alternative anticapitaliste est urgente ! Le NPA défend ainsi un plan d’urgence sociale et écologique, pour le sauvetage du climat et la justice sociale.
La situation impose de populariser un corps de revendications concrètes, incompatibles avec le capitalisme, articulé à la perspective de se débarrasser de ce système. Rompre avec la logique du profit et la production d’inutilités marchandes, afin de rendre rationnelle et soutenable la production de valeurs d’usage nécessite de réhabiliter de grands principes, comme celui par exemple de la planification démocratique. La cohérence de nos revendications doit être guidée par la perspective de décarboniser l’économie. En voici les grands principes selon les secteurs économiques.
Réformer les transports
Il faut résolument sortir du tout routier, que ce soit pour le transport de marchandises ou pour le transport de personnes. Cela suppose un service public de transports en commun de personnes gratuits, en priorité pour les transports de proximité. La reconversion d’une grande partie de l’industrie automobile doit être engagée. S’agissant des marchandises, il faut en finir avec le tout camion qui doit être réservé aux courtes distances. Un service public de transport unifié doit permettre d’organiser le transport des marchandises au-delà des trajets locaux. Un plan de reconversion des conducteurs routiers et autres salariés de ces entreprises doit être mis en place. Le développement fantastique des échanges croisés de marchandises dévoile l’aberration écologique et sociale du système de production et d’échanges. Une relocalisation importante de l’économie doit être opérée.
Relocaliser l’agriculture
L’agriculture doit avant tout remplir sa mission alimentaire, écologique, territoriale et sociale. Pour ce faire elle ne doit ni avoir comme objectif d’être concurrentielle dans un marché international, ni d’augmenter les rendements à l’aide d’une consommation trop importante d’intrants, ni de compromettre les équilibres futurs en inventant des OGM ou des agrocarburants. Il nous faut une agriculture qui permette aux producteurs de vivre décemment de leur travail sans être contraints d’intensifier leur production. Il faut favoriser l’installation massive d’agriculteurs pour permettre l’approvisionnement de proximité avec des produits de qualité pour tous et toutes, à des prix accessibles. Cela implique de sortir l’agriculture du cycle de négociations de l’OMC, de définir une nouvelle Politique agricole commune, avec des quotas de production et des aides soumises au respect de conditions sociales et environnementales de production. La grande distribution et le négoce doivent passer sous contrôle public avec la remise en cause de son pouvoir économique qui étrangle les petits paysans tout en surexploitant ses salariés.
Un service public du logement
Un grand service public du logement et de l’isolation doit être mis en place afin de planifier la rénovation écologique du parc immobilier existant et d’imposer le respect des nouvelles normes de construction (généralisation des bâtiments à énergie positive). Une réorganisation du secteur de la construction doit s’accompagner d’une transformation complète des conditions de travail des salariés de la construction, notamment l’interdiction de la sous-traitance en cascade, et des formations sur l’utilisation de matériaux naturels ou de techniques d’isolation bio-climatiques. Un coup d’arrêt doit être porté à la dispersion de l’habitat.
Développer les énergies renouvelables
L’alternative énergétique doit combiner une réduction de grande ampleur de la consommation énergétique avec le développement massif des énergies renouvelables. Cela implique l’appropriation publique et sociale des grandes entreprises du secteur et leur intégration dans un service public unifié de l’énergie décentralisé et démocratique, c’est-à-dire contrôlé par les salariés et la population. Un plan de reconversion des industries polluantes doit être mis en place. Les contrats de travail doivent être maintenus, avec les rémunérations et l’ensemble des droits sociaux. Dans le même temps, il faut créer les milliers d’emplois nécessaires dans les domaines des énergies renouvelables et des économies d’énergie.
Construire une autre société
Au-delà des revendications sectorielles, la crise climatique doit être l’occasion de réhabiliter le projet d’une autre société, un autre monde où la production serait organisée en fonction des impératifs écologiques et des besoins humains et sociaux, donc de façon plus efficace, plus rationnelle en éliminant tous les gaspillages, toutes les aberrations actuelles. Cela implique des transformations du travail lui-même, avec une forte réduction du temps de travail, et un contrôle des salariés sur ce qu’ils produisent et la façon dont ils le produisent. Nous revendiquons le droit à une existence meilleure pour chacun et chacune, le droit des peuples à maîtriser leur destin en fonction de leurs besoins essentiels. C’est là tout le sens du projet écosocialiste que nous défendons.