Paul Ariès est aujourd’hui l’indispensable inventeur d’une écologie radicale anticapitaliste. Son dernier livre fait la synthèse de toute sa démarche et de ses multiples propositions expérimentées comme militant en particulier au cours de plusieurs Contre-Grenelle de l’environnement qu’il a organisés. On finit la lecture de ce petit livre enthousiasmant avec la nécessité de remettre en cause certaines de nos certitudes : l’histoire de la classe ouvrière et des mouvements populaires, l’histoire de la gauche, le projet d’une société non-capitaliste. Il illustre par de nombreux exemples une première idée dont on pouvait avoir un pressentiment : si la gauche a toujours été productiviste, les mouvements populaires et la classe ouvrière ont, eux, toujours été antiproductivistes. Et pour de bonnes raisons ! Il ne s’agit donc plus d’essayer d’éliminer leurs protestations (comme celle des luddites dans l’Angleterre du xixe siècle) mais de les remettre au centre de notre histoire. On est au cœur de l’originalité de ce livre : le réchauffement climatique n’est pas une raison de plus d’être anticapitaliste, mais la nécessité d’inventer une nouvelle manière de l’être. Impossible, pour lui, de poser la question sociale en dehors de la question écologique, et vice versa. Cela passe par le déploiement de nouvelles formes d’intelligence collective et de revendications comme la gratuité : des transports en commun comme de l’eau (jusqu’à une certaine quantité), etc. C’est là, sans doute, la seule manière de fabriquer une écologie populaire. Reconnaissons que les propositions de Paul Ariès qui s’opposent point par point à celle d’un Daniel Cohn-Bendit sont une des meilleures contributions à l’anticapitalisme de ces dernières années. Philippe Andréa
La Découverte, 302 pages, 16 euros.