Philippe Val n’aime pas être contredit. Sauf par lui-même. C’est ce qui ressort du livre de Sébastien Fontenelle, journaliste caustique exerçant notamment à Politis et CQFD. L’auteur s’attarde sur le virage conservateur de l’ancien directeur de Charlie Hebdo, de 1999, période pendant laquelle il justifie l’intervention de l’Otan au Kosovo, jusqu’à 2009, lors de sa nomination par Sarkozy à la tête de France Inter. On s’aperçoit alors que Val change d’opinion sur les gens dès lors qu’ils entrent dans son cercle d’amis (BHL, Sarkozy). On (re)découvre aussi que son argumentaire se cantonne à deux idées : quiconque n’est pas d’accord avec lui est un nazi et si lui peut se permettre de juger le monde des médias du haut de son infinie sagesse, l’inverse lui est insupportable. Ainsi, il s’insurge de la création de l’Observatoire français des médias, qu’il considère comme un « flicage des journalistes ». Il revendique la liberté d’expression lors du procès des caricatures de Mahomet mais licencie Siné pour une chronique jugée – à tort – antisémite par le président de la Licra. Il qualifie le refus de l’intervention de l’Otan au Kosovo d’anti-américanisme (forcément) antisémite. Il compare Internet à la Kommandantur et ses utilisateurs à des collabos anonymes. Dans l’affaire Clearstream, il crache sur Denis Robert alors que, par le plus grand des hasards, l’avocat de Clearstream est également celui de Charlie Hebdo. D’une manière générale, il intente des procès d’intention à ses contradicteurs au point de vider de leur sens des mots faisant référence au fascisme, mais s’adonne, lui, à des raccourcis et des amalgames historiques douteux. Ce qui, effectivement, n’est même pas drôle. Gilles Pagaille Libertalia, 178 pages, 8 euros